Depuis le début de la pandémie de Covid-19, avez-vous pris le temps de vous informer sur les précautions à prendre au cas où votre test de dépistage s’avérerait positif ? Savez-vous déjà où vous passerez votre isolement ? Comment protéger vos proches ? Quelles sont les personnes à contacter et qui tenir informé du diagnostic ?
Si vous ne savez pas répondre à ces questions, sachez que vous n’êtes pas seul. D’après une étude menée par l’université de Houston (États-Unis) et publiée dans le Journal of Clinical and Experimental Neuropsychology, une proportion écrasante d’adultes éduqués et en bonne santé n'avaient pas de plan global au début de la pandémie de Covid-19.
"Ce que cela suggère, c'est qu'il était difficile, même pour des personnes au fonctionnement très élevé, de digérer et d'utiliser toutes les informations complexes qui apparaissaient rapidement sur la Covid-19. Elles n'étaient pas préparées et ne savaient pas comment procéder", explique Steven Woods, professeur de psychologie à l'Université de Hong Kong et auteur correspondant de l’étude.
Une difficulté d’assimilation des informations
Les travaux ont été réalisés auprès de 217 participants par téléphone entre le 23 avril et le 21 mai 2020, soit au tout début de la pandémie. Les participants à l'enquête ont répondu à de nombreuses questions, comprenant leur état de santé en général, leur personnalité et leur état d’anxiété. Ils ont aussi été évalué sur leurs compétences en matière de recherche d'informations sur la Covid-19, leurs connaissances et leur adhésion aux recommandations sanitaires, comme le port de masques et la distanciation sociale.
Les résultats ont montré que 96 % des adultes éduqués et en bonne santé n'avaient pas de plan global aux premiers stades de la pandémie, tandis que 62 % n'en avaient pas du tout.
Pour les chercheurs, ces résultats sont préoccupants. Ils soulignent que si ces personnes en bonne santé ont eu du mal à assimiler les informations relatives à la Covid, ces difficultés peuvent être encore plus grandes chez les personnes ayant des possibilités d'éducation limitées ou souffrant de troubles neurocognitifs, comme la maladie d'Alzheimer ou une lésion cérébrale, en raison d'une faible alphabétisation en matière de santé et de troubles de la mémoire.
"Les personnes ayant de faibles capacités neurocognitives risquent davantage d'acquérir et d'utiliser des informations erronées sur le Covid-19, ce qui pourrait avoir des répercussions en aval sur la santé personnelle et publique", estime Michelle A. Babicz, qui a co-dirigé l’étude.
Des campagnes d’information accessibles à tous
Pour remédier à ce problème, les chercheurs proposent une série de techniques efficaces permettant aux individus d'améliorer leur capacité à apprendre et à se souvenir des informations sur la santé, notamment l'espacement, qui consiste à traiter les nouvelles informations au fil du temps plutôt que de les ingurgiter d'un seul coup. Ils suggèrent aussi d'utiliser des cartes flash pour tester le rappel des connaissances.
"Ces résultats peuvent également aider à élaborer et à cibler des campagnes d'information lorsque de nouvelles crises de santé publique apparaîtront de manière inévitable, ajoute Michelle Babicz. Nous suggérons que ces campagnes utilisent un langage et des concepts accessibles aux personnes ayant un faible niveau de connaissances en matière de santé, peut-être par le biais d'approches communautaires de recherche participative."