En trois ans, le nombre de Français atteints par la maladie d'Alzheimer a augmenté de 14 % et le nombre d'hospitalisations de patients de 24 %. « Une véritable épidémie », selon les spécialistes de cette maladie qui détériore de façon irréversible le fonctionnement du cerveau.
D'après l'Institut de veille sanitaire (InVS), il y aurait actuellement en France environ 200 000 nouveaux malades chaque année. Et 54 000 décès sont attribuables tous les ans à cette maladie. Alors, à la veille de la 20ème édition de la journée mondiale de lutte contre cette maladie neurodégénérative qui aura lieu samedi, pourquoidocteur répond aux questions et aux peurs des 86 % de Français qui craignent cette maladie (1).
Comment différencier Alzheimer des autres troubles de la mémoire ?
Tous les troubles de la mémoire ne se sont pas la maladie d'Alzheimer. Selon le Pr Bruno Dubois, directeur de l'Institut de la Mémoire et de la Maladie d'Alzheimer (IMMA) à la Pitié-Salpêtrière, « la plupart du temps, les gens qui se plaignent de leur mémoire souffrent d'un simple trouble attentionnel. Parce qu'ils sont déprimés, fatigués, ou stressés, ou tout simplement surinformés, ils perdent beaucoup d'informations.
Ecoutez le Pr Bruno Dubois, directeur de l'Imma : « En réalité, ces gens-là ne perdent pas la mémoire. C'est juste qu'ils n'ont pas pu être assez attentifs à tout ce qui se passe autour d'eux...»
La maladie d'Alzheimer, qu'est-ce-que c'est ?
Mais, d'autres troubles de la mémoire vont davantage inquiéter les médecins car ils se différencient nettement d'un simple problème d'attention. Le Pr Bruno Dubois confie que face à un patient qui se plaint d'oublis récurrents, il s'inquiète lorsque le plaignant ne se rappelle plus d'un élément important qui aurait dû le marquer. Par exemple, l'enterrement d'un ami proche ou la viste d'un cousin éloigné. Ce genre d'événement, normalement, reste gravé dans la mémoire.
Ecoutez le Pr Bruno Dubois : « Lorsque le patient n'a pas gravé dans sa mémoire une information importante, ça veut dire que le système de gravage est cassé. Dans ce cas, c'est la maladie d'Alzheimer...»
La maladie d'Alzheimer est-elle héréditaire ?
Pour la très grande majorité des patients, la réponse est non. D'après le Pr Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Plan Alzheimer, il existe un tout petit nombre de cas qui sont des formes particulières héréditaires de la maladie. Elles se traduisent souvent par une apparition très précoce des premiers signes de la maladie (avant 65 ans, voir avant 50 ans).
Ecoutez le Pr Philippe Amouyel, directeur de la Fondation Plan Alzheimer, : « Ces formes héréditaires sont extrêmement rares et touchent moins de 1 % des patients atteints de la maladie d'Alzheimer...»
La vieillesse entraîne-t-elle automatiquement une perte de mémoire ?
Avec l'allongement de l'espérance de vie, on s'aperçoit que de plus en plus de gens vivent longtemps avec des fonctions intellectuelles préservées. Parfois, grâce à un entraînement, une stimulation quotidienne, celle-ci est presque aussi performante que chez les plus jeunes. A contrario, certaines personnes âgées ont une mémoire qui fonctionne mal. C'est grâce à ces cas qu'il a été possible de défini la maladie d'Alzheimer. De plus, certaines personnes connaissent des pertes de mémoire à partir de 40 ans. S'agissant de la maladie d'Alzheimer, elle n'est pas non plus spécifiquement liée à l'âge et donc au vieillissement.
Ecoutez le Pr Philippe Amouyel : « Les personnes qui vieillissent, même sans maladie d'Alzheimer, sont un peu ralenties. Mais elles ne sont pas atteintes dans leur compréhension ou leur fonctionnement. Ce sont des gens qui continuent à être présents socialement et intellectuellement... »
En l'absence de traitement efficace, quel est l'intérêt de diagnostiquer l'Alzheimer ?
Grâce à un diagnostic précoce de la maladie, les patients peuvent d'une part, bénéficier de traitements. Ces derniers n'agissent, malheureusement, que sur les symptômes, et encore, ils ne sont pas efficaces chez tous les patients. D'autre part, les malades diagnostiqués ont accès à une prise en charge sociale, de sorte que les personnes puissent évoluer dans un milieu protégé qui leur apporte le maximum d'aide. Soit à domicile, soit dans des institutions. Enfin, la stimulation cérébrale, ou cognitive, peut aider à retarder l'évolution de la maladie, en faisant travailler le cerveau de la personne. Mais, pour pouvoir la mettre en place, il faut que le patient ait été diagnostiqué.
Ecoutez le Pr Philippe Amouyel : « Le diagnostic permet de faire une déclaration d'affection en longue durée. Dès lors, une prise en charge complète à 100 % peut être mise en place. Et, lorsque la maladie est reconnue, les aidants peuvent également recevoir de l'aide...»
(1) Sondage réalisé sur la base d'interviews effectuées les 30-31 août 2012 auprès d'un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Une appli pour comprendre la maladie L'appli Fondation Alzheimer vient d'être lancée par la "Fondation Plan Alzheimer". Elle donne accès aux informations récentes concernant l'avancée des recherches et les différents aspects de la maladie : origine de l'affection, diagnostic, prise en charge, vie au quotidien. Les informations sont accessibles sous forme de textes, de séquences audio ou vidéos dans lesquelles interviennent des experts français ou étrangers de la maladie d'Alzheimer. Elle est gratuite, et disponible sur Apple store et Google store |