- Les malades atteints du syndrome de "l'homme-arbre" ne doivent pas s’exposer au soleil car ils ont un risque élevé de souffrir d’un cancer de la peau.
- Plus de 200 cas ont été dénombrés dans le monde à ce jour.
Des chercheurs ont fait une découverte majeure concernant le syndrome de "l’homme-arbre", en identifiant son origine génétique. Leur travail, mené par Vivien Béziat, a fait l’objet d’une publication le 1er juillet 2021 dans la revue Cell.
Une grande partie de la population est porteuse de papillomavirus humains (HPVs), et notamment de papillomavirus cutanés, qui provoquent en général des verrues ou des lésions locales et bénignes. Pourtant, de très rares patients dans le monde développent des formes sévères de ces maladies virales, dont le syndrome de "l’homme-arbre". Cette maladie très handicapante se manifeste par une poussée anarchique de cornes cutanées des mains et des pieds, pour lesquelles aucune chirurgie n’est pas efficace.
Trois membres d'une même famille étudiés
L’équipe de Vivien Béziat a étudié les caractéristiques génétiques d’un patient iranien atteint du syndrome de l’homme-arbre et deux membres de sa famille qui présentent une forme sévère d’infection par un HPV cutané avec un nombre important de verrues sur les mains et les pieds. Un point commun a été retrouvé chez ces trois patients : une mutation du gène CD28. Celui-ci joue en temps normal un rôle majeur dans l’activation des lymphocytes T, cellules de l’immunité qui détruisent les cellules infectées par un virus.
Chez ces patients, la mutation du gène CD28 empêche le système immunitaire de reconnaitre le virus et de déclencher une réponse appropriée. Le virus prolifère alors dans les kératinocytes, les cellules qui constituent l’épiderme de la peau, et provoque une multiplication anarchique de verrues et/ou de cornes cutanées.
En analysant la mutation CD28, c’est une autre découverte qui a été faite par ces chercheurs. Le gène CD28, jusqu’ici considéré comme un pilier dans le fonctionnement du système immunitaire et la réponse des lymphocytes T, ne semble en fait pas avoir un rôle si majeur. En effet, les trois patients étudiés ont été exposés dans leur histoire médicale à plusieurs types de HPVs et à de très nombreux autres pathogènes. Or, ils n’ont développé de réactions sévères qu’au HPV2 pour le patient atteint du syndrome de l’homme-arbre, et au HPV4 pour les deux membres de la famille.
@capture d'écran, doctissimo. Le Bangladais Abul Bajandar souffre du syndrome de l'homme-arbre.
De nouvelles perspectives
"Ces patients n’ont montré une sensibilité anormalement élevée qu’à certains papillomavirus du genre gamma-HPV et alpha-HPV. Sur la base des travaux menés au cours des trente dernières années, nous pensions au contraire qu’un dysfonctionnement du gène CD28 rendrait les patients sensibles à de nombreux agents infectieux. Or, même si leur réponse immunitaire est affaiblie, les patients se défendent bien contre les autres pathogènes", explique Vivien Béziat.
Cette découverte apporte donc de nouvelles perspectives sur la compréhension de la susceptibilité génétique aux HPVs, et remet en cause les dogmes de réponse immunitaire par les lymphocytes T. "En faisant progresser la recherche, l’équipe espère pouvoir accélérer l’accès au traitement pour les hommes arbres", conclut l'Inserm.