En 2018, le nombre total de nouveaux cas de cancer était estimé à 382 000, dont 54% chez l’homme selon Santé publique France. Pour les individus de sexe masculin, le plus fréquent est celui de la prostate tandis que les femmes sont plus touchées par celui du sein. Une équipe de chercheurs vient de publier une étude dans la revue Science Advances qui pourrait, à terme, permettre de mieux les guérir.
La macropinocytose permet aux cellules cancéreuses de se réparer
Toutes les cellules, qu’il s’agisse de celles cancéreuses ou normales, ont une membrane. Celle-ci peut-être définie comme la peau de la cellule, qui la sépare et la protège donc de l’environnement dans lequel elle est. Lorsque cette membrane est endommagée, la vie de la cellule est menacée. Les chercheurs ont réussi à comprendre comment les cellules cancéreuses arrivaient à se réparer seules. Elles utilisent une technique appelée macropinocytose, déjà connue pour d’autres types de cellules, qui consiste à tirer les morceaux intactes de la membrane sur la partie endommagée. Ainsi, le trou est rebouché très rapidement et la membrane est reconstituée à l’identique. Les parties défectueuses de la membrane sont aspirées par l’intérieur de la cellule et sont décomposées. C’est ainsi que, même en cas de dommage, les cellules cancéreuses résistent.
“La macropinocytose est une cible pour un traitement futur”
Pour comprendre ce mécanisme, les chercheurs ont endommagé des cellules cancéreuses en laboratoire. Ils ont utilisé un laser pour percer leurs membranes et observer le processus naturel mis en place : la macropinocytose. Bien entendu, le but ultime de leur expérience n’était pas simplement de comprendre ce qui se passait mais aussi de l’empêcher. Ainsi, ils ont constaté qu’en utilisant des substances bloquant la macropinocytose, les cellules cancéreuses ne pouvaient plus se réparer seules et finissaient pas mourir. “Notre recherche fournit des connaissances très basiques sur la façon dont les cellules cancéreuses survivent, explique l’un des auteurs principal de l’étude. Dans nos expériences, nous avons également montré que les cellules cancéreuses meurent si le processus est inhibé, ce qui indique que la macropinocytose est une cible pour un traitement futur. C'est une perspective à long terme, mais c'est intéressant”.
Les cellules cancéreuses sont plus faibles quand elles prolifèrent dans le corps
Les cellules cancéreuses peuvent se propager dans l’organisme et infecter d’autres zones que celle initialement touchée. Cette prolifération rend évidemment le cancer plus difficile à traiter. Néanmoins, cette recherche est porteuse d’espoir car c’est souvent au moment où les cellules cancéreuses migrent dans l’organisme qu’elles sont les plus sujettes à endommager leur membrane. Ainsi, en bloquant leur réparation, les scientifiques pourraient empêcher qu’elles atteignent d’autres parties de l’organisme car elles pourraient mourir avant d’y arriver. “Nous continuons à travailler et à étudier comment les cellules cancéreuses protègent leurs membranes, souligne Stine Lauritzen Sønder, l’un des auteurs. À propos de la macropinocytose en particulier, il est également intéressant de voir ce qui se passe après la fermeture de la membrane. Nous pensons que la première reconstruction est sommaire et qu'une réparation plus approfondie de la membrane est nécessaire par la suite. Cela peut être un autre point faible des cellules cancéreuses et c'est quelque chose que nous voulons examiner de plus près”.
Selon la Ligue contre le cancer, en 2018, près de 160 000 personnes sont mortes d’un cancer. 89 600 étaient des hommes et 67 800 étaient des femmes.