Elle devait être l’une des nouvelles figures du sprint olympique. L’athlète américaine Sha’Carri Richardson de 21 ans ne participera pas à l’épreuve mythique du 100 mètres des Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet - 8 août) après avoir reçu un mois de suspension par l’Agence américaine antidopage (Usada) à cause d’un contrôle positif au cannabis. “Je voudrais dire à mes fans, ma famille et mes sponsors que je m’excuse”, s’est défendue Richardson lors de l’émission télévisée “Today” sur la chaîne américaine NBC. “À vous tous, je présente mes excuses pour ne pas avoir su comment contrôler mes émotions pendant cette période”, a-t-elle ajouté.
“Je suis humaine”
L’Agence américaine antidopage a annoncé annuler les résultats de l’athlète à compter du 19 juin, invalidant du même coup sa qualification pour le 100m olympique, obtenue le même jour. Dans un communiqué, l’Usada a précisé lui infliger un mois de suspension à compter du 28 juin, lui permettant donc de courir à nouveau à partir du 28 juillet. Elle pourra alors prendre part au relais olympique du 4x100 m, dont les séries débutent le 5 août. Pour cela, elle doit être repêchée par sa fédération puis par son comité olympique national.
La sprinteuse a également réagi sur Twitter du simple message “Je suis humaine”. Richardson a ensuite expliqué avoir consommé du cannabis après avoir appris la mort de sa mère biologique et alors qu’elle était dans “un état émotionnel douloureux”. Derrière cette décision, c’est le débat sur l’usage du cannabis qui est relancé. “Sha’Carri n’a pas besoin de s’excuser. Nous devons nous débarrasser de ces règles archaïques pour une substance qui est pleinement légale dans 19 États. Et nous devons la légaliser au niveau fédéral”, a notamment réagi Jamaal Bowman, un élu démocrate qui siège à la Chambre des représentants.
Aux États-Unis, de plus en plus de sportifs plaident en faveur du cannabis
La question de l’usage du cannabis chez les sportifs se fait de plus en plus pressante. La ligue de football nord-américaine (NFL) a décidé de ne plus tester les joueurs professionnels pendant l’intersaison. En NBA, la ligue de basketball, de nombreux ex-joueurs militent ouvertement contre l’interdiction et vantent les vertus thérapeutiques du cannabis, notamment en opposition aux médicaments anti-douleurs qui remplissent les armoires des infirmeries des clubs et dont l’utilisation à long terme est dangereuse pour la santé. L’ancien président de la NBA, David Stern, qui a officié entre 1984 et 2014, a même récemment fait entendre qu’il est favorable à l’utilisation de cette substance à des fins thérapeutiques par les athlètes professionnels.
L’autre question sous-jacente est celle de savoir si le cannabis est un produit dopant et donc s’il permet d’améliorer les performances des athlètes. Les effets euphorisants de la marijuana mais également ses vertus analgésiques font partie des raisons qui ont poussé l’Agence mondiale antidopage (AMA) à proscrire cette substance. D’un autre côté, il y a l’aspect médical et thérapeutique de l’herbe. Enfin, toutes les disciplines sportives ne se valent pas. Il faudrait alors comparer les bénéfices potentiels d’une consommation pour des épreuves d’endurance, de vitesse ou bien de précision.