En travaillant sur la malvoyance causée par la dégénérescence maculaire liée à l'âge (ou DMLA), des scientifiques français de l'INRAE viennent de découvrir un nouveau biomarqueur sanguin pour évaluer le risque lié à l’alimentation.
Déficit en acides gras oméga-3
Les traitements actuels pour la DMLA permettent uniquement de ralentir la progression de la pathologie, et seulement pour certaines formes. C’est pourquoi les stratégies de prévention sont d’une importance cruciale.
Parmi les facteurs de risque sur lesquels on peut agir se trouve le déficit en acides gras oméga-3 à longue chaîne dans la rétine, lipides qui sont apportés par l’alimentation, notamment via le poisson. "Ils jouent un rôle essentiel car ils assurent la vision au niveau des photorécepteurs mais ont également des fonctions anti-inflammatoires, limitent la mort cellulaire et le développement vasculaire dans la rétine, trois mécanismes primordiaux pour prévenir la DMLA", expliquent les chercheurs.
Des approches nutritionnelles par un apport supplémentaire en acides gras oméga-3 ont déjà été développées pour prévenir ou limiter la DMLA. Mais l’évaluation de l’efficacité de ces approches se heurte à l’impossibilité de mesurer la concentration en acides gras dans la rétine. "C’est pourquoi l’équipe de recherche s’est penchée sur l’identification de marqueurs sanguins permettant de l’évaluer", poursuivent les scientifiques.
Accompagner sur le plan nutritionnel
Grâce à l’analyse des rétines et du sang issu de 46 donneurs humains, les experts ont pu identifier le biomarqueur sanguin du statut en acides gras oméga-3 de la rétine, à l’aide d’un algorithme développé par apprentissage automatique. Ils ont ensuite combiné l’analyse de rétines de donneurs humains et les données issues de deux études : une recherche pour doser le biomarqueur sanguin chez 62 participants de la cohorte des "3-Cités" et un essai clinique (étude LIMPIA) sur 110 participants dont la moitié suivait une supplémentation alimentaire en acides gras oméga-3. Grâce à ces études, les scientifiques montrent qu’une concentration élevée du biomarqueur sanguin est associée à un moindre risque d’avoir une forme avancée de DMLA, et que la concentration du biomarqueur augmente après supplémentation en acides gras oméga-3.
Ce biomarqueur permettrait d’identifier très tôt les personnes à risque de développer une DMLA, avant même la détection par examens ophtalmologiques. "Une fois identifiées, les personnes à risque pourront ainsi être accompagnées sur le plan nutritionnel", concluent les chercheurs.
Un brevet sur ce biomarqueur prédictif du statut rétinien en acides gras oméga-3 et l’algorithme de prédiction a été déposé par l'INRAE et l’Inserm. Par ailleurs, l’équipe de recherche développe actuellement une méthode standardisée et simplifiée de dosage pour intégrer ce biomarqueur à l’évaluation du risque de développer une DMLA.