Deux tiers des malades d’Alzheimer sont des femmes. Pendant longtemps, la communauté scientifique a expliqué cette différence par l’espérance de vie plus longue des femmes, car la fréquence de la maladie augmente avec l’âge. 2% des moins de 65 ans sont concernés contre 15% des personnes âgées de 80 ans. Depuis plusieurs années, des chercheurs s’intéressent à d’autres facteurs de risque, qui expliqueraient pourquoi les femmes sont plus touchées. Dans la revue Menopause de The North American Menopause Society (NAMS), des scientifiques montrent que les hormones liées à la fertilité pourraient avoir un lien avec le risque d’Alzheimer.
Une période de reproduction plus longue augmente les risques ?
Dans leur recherche, ils ont suivi un petit groupe de femmes pendant 25 ans. Aucune d’elles n’était atteinte de démence au début de l’étude. En revanche, toutes avaient atteint le stade de la ménopause à la fin des recherches. Les chercheurs ont analysé la durée de leur période de reproduction, et des échantillons de fluides cérébro-spinal. Ce liquide est présent dans les tissus autour du cerveau et de la moelle épinière. Selon leurs conclusions, une période de fertilité plus longue est associée à des niveaux plus élevés de biomarqueurs caractéristiques d’Alzheimer, dans les phases pré-cliniques de la maladie. "Ces résultats doivent être confirmés par d’autres études, mais cela pourrait être l’un des facteurs qui contribuent à ce risque d’Alzheimer plus élevé chez les femmes", souligne Dr Stephanie Faubion, la directrice médicale de NAMS.
Des liens déjà prouvés avec les hormones
La durée de la période de fertilité est associée à la durée d’exposition aux oestrogènes, or ces hormones ont déjà été étudiées dans le cadre de travaux sur la maladie d’Alzheimer. En septembre 2020, des chercheurs italiens ont ainsi constaté qu’un taux d’oestrogènes trop bas pouvait être un facteur de risque chez les femmes. En revanche, remplacer ces oestrogènes manquants permet de générer un effet protecteur contre la pathologie. De manière générale, les études sur la maladie d'Alzheimer et les femmes sont trop peu nombreuses selon l'organisation Women's Brain Project (WBP). Sa co-fondatrice, Antonella Santuccione-Chadha, spécialiste de la maladie d'Alzheimer, déclarait, en septembre 2018 : "Comme les femmes sont plus touchées par la maladie, il faut enquêter sur les différences spécifiques entre les hommes et les femmes."