Selon une nouvelle étude du JAMA, plus les femmes vivent éloignées d’un centre d’IGV, moins elles avortent. Ces nouvelles données américaines font échos à celles de la France, qui souffre depuis de nombreuses années de déserts médicaux limitant, entre autres, l’accès à des structures réalisant des IVG.
"Un accès insuffisant aux soins liés à l'avortement"
"Y a-t-il une association entre la distance médiane de déplacement vers un centre d'avortement et le taux d'avortement ?", se sont demandés les auteurs de l’étude en préambule. Après l'analyse sanitaire et géographique de 1948 comtés américains, ils ont constaté que l'augmentation de la distance médiane de déplacement vers le centre d'avortement le plus proche a été associée à une réduction significative du taux d'avortement médian (21,1 pour 1000 femmes en âge de procréer pour <5 miles ; 3,9 pour 1000 femmes en âge de procréer pour ≥120 miles). "Les réductions des distances de déplacement étaient associées à des augmentations significatives du taux d'avortement médian", ont également constatés les scientifiques.
Si l'avortement était intégré aux soins primaires, les chercheurs estiment à 18 190 le nombre d'avortements supplémentaires (taux moyen de 11,4 pour 1000 résidentes en âge de procréer). Et si la télémédecine était plus largement disponible aux USA, les scientifiques estiment à 70 920 le nombre d'avortements supplémentaires (taux moyen de 12,3 pour 1000 femmes en âge de procréer). "Les résultats indiquent quelles zones géographiques ont un accès insuffisant aux soins liés à l'avortement", concluent les chercheurs.
L'accès à l'IVG toujours polémique en France
En France, le recours à l’IVG continue de faire débat, comme l’a démontrée la récente polémique concernant l’interview du Président Emmanuel Macron à ELLE, ou encore le terrible bras de fer qui s’est déroulé en février dernier à l’Assemblée Nationale à propos du texte autorisant l'accès à l'avortement jusqu'à la 14e semaine de grossesse.
Dans son dernier rapport annuel sur le recours à l’interruption volontaire de grossesse, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) a révélé qu’en 2019, l’accès à l’avortement est toujours inégalement réparti sur le territoire français. Ainsi, quand le taux de recours à l’IVG est de 11,8 pour 1 000 femmes en Pays de la Loire, il atteint 22,9 pour 1 000 femmes en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et alors qu’il faut en moyenne moins de six jours en Pays de la Loire ou en Occitanie entre le premier rendez-vous et l’intervention, il faut compter de 8 à 11 jours en Auvergne Rhône-Alpes ou dans les Hauts de France.