Selon une nouvelle enquête, le psoriasis impacte fortement la vie sexuelle de ceux qui sont atteints de cette maladie de peau. Ainsi, 41 % des patients déclarent avoir un dysfonctionnement sexuel lié à leur psoriasis, les femmes étant plus concernées que les hommes. 28,1 % disent aussi avoir réduit la fréquence de leur activité sexuelle à cause de la maladie. "Les causes de dysfonctionnement sexuel peuvent être autant physiques que psychologiques et les conséquences multiples, en particulier la perte de confiance en soi, la frustration ou l'isolement", précise l’association France Psoriasis, à l’origine de l’étude.
Une difficulté importante à révéler son intimité
"Quand il y a du psoriasis, il y a une difficulté importante à révéler son intimité, quelle que soit la localisation de la lésion", indique Roberte Aubert, Présidente de France Psoriasis, qui insiste aussi sur la détérioration de l’image de soi, très importante chez les patients, en particulier les femmes. Selon la sociologue Gaëlle Le Fur, "un psoriasis affichant augmente cette différence entre les hommes et les femmes, les premiers ayant plus tendance à passer outre ce côté gênant. Pour une jeune femme, au contraire, c’est toute la féminité qui est entachée".
Le psoriasis est en outre considéré comme un obstacle majeur à la recherche d'un partenaire, et tous les patients évoquent leur difficulté à dire qu’ils sont atteints d’une pathologie susceptible d’affecter la vie sociale et intime : "si une relation commence à s’établir et que le psoriasis n’est pas visible, la personne se demande toujours à quel moment elle doit prévenir son partenaire", souligne BénédicteCharles, Vice-Présidente de France Psoriasis.
Pas d'échanges avec le médecin
De l’enquête, il ressort également que 81 % des patients n'ont jamais eu de conversation avec leur médecin au sujet de leur soucis sexuels : "c’est un sujet tabou qui devrait pourtant être considéré comme une préoccupation réelle par les médecins, car cela engendre une vraie détresse. Cela devrait faire partie des questions que l’on se contraint à poser", pointe Roberte Aubert.
Le Dr Halioua, dermatologue, reconnaît qu’aborder ce sujet est compliqué, les formes de psoriasis et les patients étant tous différents. Les médecins n’ont en outre pas été formés sur ces questions, la sexologie ne faisant que depuis peu partie de l’enseignement. Or, améliorer les connaissances est essentiel, de même que se défaire de certaines croyances : "pendant longtemps, les médecins ont pensé que les troubles sexuels étaient l’apanage des personnes qui avaient un psoriasis génital. Nous savons aujourd’hui, et l’enquête le confirme, que d'autres patients ayant des lésions sur le corps ont des difficultés".