Ce que nous rejetons dans les rivières à des conséquences sur la vie aquatique. Les stations d’épuration et autres usines de traitement ont justement pour rôle de nettoyer les eaux usées pour limiter au maximum les résidus, mais certains restent. C’est notamment le cas des médicaments et des drogues. Dans Journal of Experimental Biology, des scientifiques tchèques ont étudié les effets de la méthamphétamine sur les truites, pour mesurer les conséquences de la pollution des rivières par cette substance.
Des poissons "accros"
Pendant deux mois, les chercheurs ont placé 60 truites dans un bassin contenant un microgramme de méthamphétamine par litre d’eau, et 60 autres dans une eau propre, sans drogue. Ensuite, les poissons ont été placé dans un bassin spécial, avec deux courants : l’un avec de l’eau propre, l’autre avec des résidus de drogue. Les scientifiques ont constaté que les poissons ressentaient un manque : ceux exposés pendant deux mois à la méthamphétamine se dirigeaient vers l’eau qui en contenait des résidus, contrairement aux autres qui allaient vers l’eau propre. Dans le cerveau des truites, ils ont observé des résidus de drogue jusqu’à dix jours après l’exposition.
Quelles sont les conséquences ?
Pour les chercheurs, cette dépendance à la drogue peut conduire les poissons à passer plus de temps dans les zones où l’eau usée s’écoule pour y trouver davantage de résidus de drogue. Dans une interview à CNN, Pavel Horky, l’un des auteurs de l’étude, explique que cela pourrait avoir des conséquences sur tout l’écosystème. "Le besoin de drogues pourrait devenir plus important que des récompenses naturelles, comme la recherche de nourriture ou l’accouplement", indique-t-il. Cette théorie pourrait devenir réalité, puisque les drogues sont déjà présentes dans les eaux usées : des traces de méthamphétamines ont été retrouvées dans des eaux tchèques.
Des poissons addicts au Prozac
En février dernier, des chercheurs australiens se sont aussi intéressés aux résidus consommés par les poissons. Dans leur étude, ils ont constaté que les poissons ingèrent des restes de médicaments, présents dans l’océan, notamment le Prozac. Or, pour ces animaux marins, la consommation d’antidépresseur n’est pas sans conséquence. Les scientifiques ont remarqué "des réductions spectaculaires de l'expression comportementale des poissons" à mesure que l’exposition au Prozac augmentait. L'absorption de cette pollution par les poissons soulève une question : quelles sont les conséquences sur la santé humaine ? Dans la mesure où nous consommons des poissons qui ont potentiellement ingéré ces substances, est-ce que nous consommons nous aussi des psychotropes sans le savoir ?