Les cellules souches ont deux principales caractéristiques : elles s’auto-renouvellent et peuvent entrer en différenciation. La première signifie que la division d’une cellule souche donne naissance à deux cellules filles, identiques à la cellule mère. Grâce à la deuxième propriété, une cellule souche peut engager un programme de différenciation qui va progressivement la transformer. Ainsi, elle devient une autre cellule. Les cellules souches totipotentes et pluripotentes peuvent donner tous les types cellulaires présents dans l’organisme. Celles appelées multipotentes sont restreintes à une lignée cellulaire. Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Science, les cellules souches auraient une autre particularitéé : elles produiraient une protéine, appelée antiviral Dicer (aviD), capable de couper l'ARN viral et ainsi d’empêcher les virus à ARN - tels que le SRAS-CoV-2 et le virus Zika - de proliférer dans l’organisme. Cette forme de protection, appelée ARN interférence, était déjà connue des scientifiques mais pour les cellules des plantes et des invertébrés.
Un mécanisme de protection utilisé par les plantes et les invertébrés
“C'est fascinant de comprendre comment les cellules souches se protègent contre les virus à ARN, explique Caetano Reis e Sousa, l’un des auteurs. Le fait que cette protection soit également utilisée par les plantes et les invertébrés suggère qu’elle existerait depuis longtemps dans l'histoire des mammifères. Pour une raison inconnue, alors que toutes les cellules de mammifères possèdent la capacité innée de déclencher ce processus, il semble que seules les cellules souches le fassent”. Des recherches devront encore être menées pour comprendre ce mécanisme. Néanmoins, les scientifiques estiment déjà que cette découverte pourrait, à terme, permettre le développement de nouveaux traitements antiviraux. “En apprenant davantage sur ce processus et en découvrant les secrets de notre système immunitaire, nous espérons ouvrir de nouvelles possibilités de développement de médicaments", précise-t-il.
Des cellules trois fois moins infectées par la Covid grâce à la protéine aviD
Les chercheurs ont d’abord exposé des cellules humaines au SRAS-CoV-2. Celles qui avaient la protéine antiviral Dicer étaient trois fois moins infectées par le virus comparativement à celles qui ne l’avaient pas. Ils ont ensuite fait une seconde expérience, sur des organoïdes - une structure multicellulaire tridimensionnelle - cérébraux exposés au virus Zika. Ils ont découverts que ceux ayant la protéine aviD étaient moins atteints par le virus que ceux n’en disposant pas. De plus, lorsque les organoïdes ont été infectés par le SRAS-CoV-2, il y avait moins de cellules souches infectées dans les organoïdes avec la protéine aviD. “La raison pour laquelle les cellules souches utilisent ce mécanisme de défense reste un mystère, précise Enzo Poirier, un des auteurs. Il y a encore beaucoup d’inconnues concernant la façon dont ces cellules sont protégées contre les virus”. Les scientifiques vont poursuivre leurs recherches afin de comprendre les mécanismes sous-jacents à la production, au développement et au rôle de la protéine antiviral Dicer dans les cellules souches de mammifères.