- L'homme, muet depuis quinze ans suite à une attaque cérébrale, a pu s'exprimer grâce à une neuroprothèse qui retranscrivait des mots qu'il s'imaginait prononcer à voix haute.
- La précision du dispositif est de 76 %.
Retranscrire en mots les pensées qu’un homme muet s’imagine prononcer à voix haute : c’est la prouesse que sont parvenus à réaliser une équipe scientifique de l’université de San Francisco (États-Unis).
Dans un article publié dans le New England Journal of Medicine, et relayé par le Wall Street Journal, ils expliquent avoir mis au point une neuroprothèse de la parole qui permet de convertir les minuscules signaux électriques émis par le cerveau en actions. Et, plus particulièrement, en mots, tapés sur un ordinateur.
Une précision de 76 % grâce aux algorithmes
Cette neuroprothèse a été testée sur un homme ayant perdu la parole suite à une grave attaque cérébrale survenue il y a plus de quinze ans. Aujourd’hui, ce dernier communique en tapant des lettres sur un écran à l’aide d’un pointeur porté sur une casquette. Il a accepté de se faire greffer des électrodes sur la face externe du cerveau.
Pendant 50 séances réparties sur 81 semaines, les chercheurs ont relié un ordinateur au réseau d'électrodes pour enregistrer son activité cérébrale lorsqu'il observait des mots affichés sur un écran et s'imaginait les prononcer à haute voix. Dans 47 % des cas, il leur a été possible d’identifier ce mot avec précision. Ils ont ensuite incorporé des algorithmes de prédiction de mots similaires à ceux que l’on trouve par exemple dans les suggestions automatiques de mails et de traitements de texte. Cette précision a alors grimpé à 76 %.
Une technologie encore au stade expérimental
"À notre connaissance, il s'agit de la première démonstration réussie du décodage direct de mots complets à partir de l'activité cérébrale d'une personne paralysée et incapable de parler, affirme le Dr Eddie Chang, neurochirurgien à l'université et auteur principal de l'article. Cette méthode est très prometteuse pour rétablir la communication en exploitant les mécanismes naturels de la parole dans le cerveau."
Pour l’heure, cette neuroprothèse reste au stade expérimental. En effet, le taux d'erreur élevé du système, son vocabulaire limité et le temps considérable nécessaire pour l'entraîner à reconnaître les mots imaginés sont autant d’obstacles à franchir avant que ce dispositif ne soit disponible sur le marché. Mais cette première étape offre une lueur d'espoir pour les milliers de personnes qui, chaque année, perdent la capacité de parler à la suite d'une blessure ou d'une maladie.