- Dans les pays à revenu faible ou moyen (PRSM) d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, 80 % de la population souhaite se faire vacciner. C'est bien plus qu'aux Etats-Unis (65 %) et en Russie (30 %).
- Pourtant, dans ces pays en développement, l'accès à la vaccination est plus faible, ce qui retarde la couverture vaccinale mondiale contre la Covid-19.
Hésiter ou refuser de se faire vacciner est-il un privilège de pays riche ? C’est ce que sous-entend une nouvelle étude menée par une équipe internationale de chercheurs et publiée dans Nature Medicine.
Elle s’est intéressée à la proportion de population acceptant ou hésitant à se faire vacciner dans une large sélection de pays à revenu faible ou moyen (PRSM) en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Au total, plus de 20 000 répondants ont accepté de participer à l’enquête.
80 % des habitants des pays pauvres souhaitent se faire vacciner
Les résultats sont évocateurs. Alors qu’aux États-Unis et en Russie, seules 65 % et 30 % des populations respectives de ces deux pays souhaitent se faire vacciner contre la Covid-19, ce chiffre grimpe à 80 % dans les pays en développement.
Parmi les raisons données pour accepter la vaccination, la protection personnelle contre le virus arrive en tête pour 91 % des répondants. La crainte des effets secondaires était quant à elle la raison la plus courante à hésiter à se faire vacciner, avec 44 % des réponses. Les agents de santé restent les principaux acteurs de la campagne vaccinale puis qu’ils sont considérés comme les sources d’information les plus fiables sur les vaccins.
Accorder la priorité vaccinale aux pays en développement
Alors que dans de nombreux pays développés, le sentiment de défiance envers les vaccins croît et ralentit la couverture vaccinale mondiale, cette étude montre que les pays à revenu faible ou moyen suggère que la priorité accordée à la distribution de vaccins devrait revenir aux pays à revenu faible et intermédiaire pour en finir avec la pandémie de Covid-19. Or, dans de nombreuses régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, les cas de Covid-19 se multiplient en raison du faible accès de la population à la vaccination.
"Alors que les stocks de vaccins contre la Covid-19 arrivent peu à peu dans les pays en développement, les prochains mois seront déterminants pour les gouvernements et les organisations internationales, qui devront se concentrer sur la conception et la mise en œuvre de programmes efficaces d'adoption des vaccins, estime Niccoló Meriggi, économiste pays pour l’International Growth Centre du Sierra Leone et co-auteur de l'étude. Les gouvernements peuvent utiliser ces preuves pour développer des campagnes et des systèmes de communication afin de s'assurer que ceux qui ont l'intention de se faire vacciner le fassent réellement."
"Ce que nous avons vu en Europe, aux États-Unis et dans d'autres pays suggère que l'hésitation à l'égard des vaccins peut compliquer les décisions politiques, entravant ainsi l'adoption rapide et généralisée des vaccins", rapporte Saad Omer, directeur de l'Institut de santé mondiale de Yale et co-auteur de l'étude.
"Cependant, poursuit Alexandra Scacco, également co-autrice, les attitudes systématiquement pro-vaccins que nous observons dans les pays à faible et moyen revenu nous donnent des raisons d'être optimistes quant à l'adoption du vaccin. Nous espérons que les résultats de notre étude pourront contribuer à l'élaboration de stratégies visant à étendre la vaccination mondiale contre la Covid-19."