De nombreuses études ont montré qu’n temps d’écran élevé, c’est-à-dire supérieur à 2 heures par jour, rend les enfants sédentaires et influence leur développement neurocognitif. En 2018 encore, des travaux publiés dans The Lancet montraient que les enfants confrontés chaque jour à un écran de télévision, au smartphone ou à la tablette avaient de moins bonnes capacités cognitives que leurs camarades.
C’est d’autant plus vrai si ces enfants sont d’anciens grands prématurés, c’est-à-dire nés avant la 28e semaine de grossesse. C’est ce que montre une nouvelle étude publiée dans JAMA Pediatrics et financée par les National Institutes of Health, les institutions gouvernementales américaines. Les résultats montrent que les enfants de 6 et ans nés prématurément passant plus de 2 heures par jour devant un écran étaient plus susceptibles de présenter des déficits au niveau du QI global. Ils avaient en outre une capacité moindre à résoudre des problèmes (fonctionnement exécutif), contrôlaient moins bien leurs pulsions et avaient une capacité d’attention réduite.
Une exacerbation des déficits cognitifs
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données d'une étude portant sur les enfants nés à 28 semaines de grossesse ou avant. Sur 414 enfants, 238 passaient plus de deux heures devant un écran par jour et 266 avaient une télévision ou un ordinateur dans leur chambre.
En comparaison avec les enfants qui passaient moins de temps devant un écran par jour, ceux qui y passaient beaucoup de temps présentaient un déficit moyen de près de 8 points sur les scores percentiles des fonctions exécutives globales, d'environ 0,8 point sur le contrôle des impulsions (inhibition) et de plus de 3 points sur l'inattention. Les enfants ayant une télévision ou un ordinateur dans leur chambre à coucher ont également obtenu des scores plus faibles sur les mesures de l'inhibition, de l'hyperactivité et de l'impulsivité.
Les auteurs concluent que ces résultats confirment la nécessité pour les médecins de discuter des effets potentiels du temps passé devant un écran avec les familles d'enfants nés extrêmement prématurés.
Pas d’écran avant l’âge de 2 ans
Ces conclusions rejoignent également les directives de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Celles-ci recommandent ainsi de bannir les écrans de la vie des jeunes enfants, notamment ceux de moins de 1 an. De deux à quatre ans, le temps passé devant la télévision, la tablette ou le smartphone ne doit pas dépasser une heure, sachant que "moins, c’est mieux". Jusqu’à 5 ans, l’enfant ne doit pas rester attaché pendant plus d’une heure à la fois (par exemple dans un landau ou une poussette, sur une chaise haute ou encore sur le dos d’un aidant). Et lorsqu’il est assis, l’enfant doit être stimulé via, par exemple, la lecture, le chant, les histoires racontées ou les jeux éducatifs, et non par un écran.