- En 2020, 69 000 personnes sont décédées d’une overdose liée aux opioïdes aux États-Unis.
- Un tiers des Américains vivent dans un Etat où le cannabis est légal.
- En mars dernier, la France a démarré une vaste expérimentation sur le cannabis thérapeutique.
Les médicaments opioïdes font plus de morts que les armes à feu aux États-Unis. Depuis 1999, près de 450 000 personnes seraient décédées d’une overdose suite à cette consommation. Prescrits comme anti-douleur, ces substances de synthèse présentent un risque élevé de dépendance. Depuis quelques années, différentes études s’intéressent au cannabis thérapeutique, afin d’en faire une alternative moins dangereuse à ces médicaments, en réduisant les douleurs chroniques. Mais les premiers résultats sont contrastés.
Un retour inévitable aux opioïdes
Le 12 juillet dernier, des chercheurs américains ont publié les résultats de leurs travaux réalisés sur le sujet. Ils ont observé les effets du cannabis légal sur le nombre de visites dans les centres d’urgences dédiés aux opioïdes. Les scientifiques constatent une diminution de 7,6% du nombre de visites dans ces centres dans les mois qui suivent la légalisation de cette substance. Au bout de six mois, ces effets se dissipent totalement. "Si la libéralisation du cannabis peut aider à lutter contre l’épidémie d’opioïdes, ce n’est pas la panacée", concluent les chercheurs. Dans un article paru sur NBC News, l’un des auteurs de cette étude, Coleman Drake, a expliqué qu’il est probable que la marijuana ne permette pas de traiter tous les symptômes de l’addiction. "Il pourrait y avoir une substitution (…) après une certaine période", a-t-il expliqué. Cela signifie que les personnes se dirigeraient à nouveau vers des opioïdes comme le Fentanyl.
Une consommation d’opioïdes plus élevée ?
Dans la revue Addiction, d’autres chercheurs se sont intéressés au lien entre opioïdes et marijuana. D’après leurs conclusions, le cannabis ne permet pas de réduire l’usage des opioïdes. Ils ont suivi 200 New-yorkais consommant ces produits de synthèse, pour un usage illégal ou non-médical. Au bout de 90 jours, ils ont constaté que leur risque de consommer des opioïdes était presque multiplié par deux les jours où ils consommaient de la marijuana, quel que soit le niveau de douleur ressentie.
Des traitements existants, déjà testés et approuvés
Du côté des institutions médicales, le cannabis n’est pas perçu comme une solution pérenne et efficace. L’American Society of Addiction Medicine estime qu’il n’y a "pas de preuve que le cannabis est efficace dans le traitement des troubles liés à l’utilisation d’opioïdes". Les médecins recommandent plutôt la prescription de traitements approuvés et testés pour leur efficacité, comme la méthadone ou la naltrexone. "Ils sont disponibles, efficaces et c’est que devraient chercher les gens, plutôt que d’essayer d’utiliser le cannabis pour les aider à gérer leurs problèmes avec les opioïdes", affirme le Dr Andrew Saxon, professeur de psychiatrie et de sciences comportementales à l’école de médecine de l’université de Washington, dans un article de NBC News. En France, l'addiction aux anti-douleurs provoquerait au moins quatre décès chaque semaine.