Avant la crise de la Covid-19, déjà 6% des Européens souffraient de dépression selon une étude publiée dans la revue The Lancet. Il s’agissait surtout des jeunes et des femmes enceintes.
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de 258 888 participants issus de 27 pays européens qui ont été inclus dans la deuxième vague de l'enquête européenne sur la santé mentale réalisée entre 2013 et 2015.
Dans le détail, les pays dont la prévalence - le nombre de cas dans une population à un moment donné, englobant aussi bien les cas nouveaux que les anciens - de la dépression était la plus élevée sont l'Islande (10,3%), le Luxembourg (9,7%), l'Allemagne (9,2%), le Portugal (9,2%) et la France (7%). A l’inverse, la prévalence était moins élevée en République tchèque (2,6 %), en Slovaquie (2,6 %), en Lituanie (3 %) et en Croatie (3,2%). "Des différences majeures sont confirmées entre les pays, les taux de prévalence étant jusqu'à 4 fois plus élevés dans les pays économiquement plus développés, souligne Jorge Arias-de Torre, l’auteur principal de l’étude. C’est surprenant, car ces pays ont des ressources de santé bien supérieures à d'autres pays moins développés économiquement".
Le risque de suicide lié à la dépression concerne 10 à 20% des patients
15 à 20% de la population générale a été ou sera concernée par un trouble de la dépression au cours de sa vie selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ce trouble peut survenir à tout âge, il est associé à un dysfonctionnement social et/ou à une souffrance personnelle majeurs. La déprime - qui correspond à un moment où le moral est moins bon - est à différencier de la dépression qui se présente comme une succession d’épisodes dépressifs caractérisés. Celle-ci peut avoir de graves conséquences sur le fonctionnement social de la personne car les symptômes sont nombreux : tristesse pathologique, perte de plaisir, sentiment d’angoisse quasi-permanent, troubles du sommeil, perte de l'appétit, etc. La santé physique est aussi en danger, avec un risque de suicide particulièrement élevé qui concerne 10 à 20% des patients.
Mais, dans 70% des cas, les traitements sont efficaces. Il peut s’agir de médicaments antidépresseurs associés au suivi d’une psychothérapie. Certains événements de la vie, comme un décès, la perte de son emploi ou un divorce augmentent les risques de faire une dépression. Elle peut aussi être liée à d’autres facteurs comme ceux génétiques ou neurologiques.
La crise de la Covid-19 pourrait augmenter le taux de prévalence
Les restrictions imposées pendant des mois par la crise de la Covid-19 ont impacté le moral d’une grande partie de la population, au premier rang desquels les étudiants. Selon une étude publiée en février dernier et réalisée par l’Université de Boston, aux Etats-Unis, 83% des 33 000 étudiants questionnés à travers tout le pays estimaient que leur état psychologique avait des répercussions sur leurs performances et sur leurs résultats scolaires. Et, selon cette même étude, la dépression et l’anxiété continuaient d’augmenter chez les étudiants, avec des records historiques. A l’automne 2020, la moitié d’entre eux était concerné par l’un de ces deux états. Enfin, les deux tiers souffraient de solitude et se sentaient isolés pendant les périodes de confinement.
La récente étude publiée dans la revue The Lancet encourage les autorités sanitaires à affiner leurs stratégies de dépistage de la dépression, d’autant plus que les répercussions psychologiques à long terme de la crise de la Covid-19 ne sont pas encore connues. Le nombre de personnes souffrant de dépression pourrait encore augmenter dans les prochains mois.