- Des chercheurs ont établi un lien entre la migraine, le mal des transports et les nausées grâce à la réalité virtuelle.
- À terme, une meilleure connaissance des mécanismes cérébraux qui interviennent quand une personne souffre de migraine permettrait de mettre au point de nouveaux traitements.
En France, la migraine concerne 20% des femmes, 10% des hommes et 5% des enfants selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Elle se caractérise par des crises répétées se manifestant par des maux de tête qui durent entre 4 et 72 heures (sans traitement ou avec un traitement inefficace). Ces céphalées peuvent être associées à des nausées, voire des vomissements et/ou une hypersensibilité à la lumière et au bruit. La migraine a au moins une de ces quatre caractéristiques suivante : se manifester que d'un seul côté du crâne, que le patient ait l'impression de sentir les battements de son cœur dans sa tête, que la douleur le gêne dans ses activités jusqu’il ressente la nécessité de se coucher et que celle-ci augmente avec le mouvement, ce qui l’empêche de faire une activité physique même simple.
La migraine est liée au mal des transports et aux vertiges
Selon une étude publiée dans la revue Neurology, la simulation de manèges à sensations fortes avec des outils de réalité virtuelle pourrait modifier l'activité cérébrale chez les personnes atteintes de migraines. Pour cela, les individus ne doivent pas nécessairement avoir mal à la tête au moment de l’expérience. “Nos résultats montrent que les zones du cerveau liées au traitement de la douleur causée par les migraines se chevauchent avec les systèmes cérébraux qui régulent le mal des transports et les vertiges, explique Gabriela Carvalho, chercheuse à l'université de Luebeck, en Allemagne et l’une des autrices de cette étude. Les personnes atteintes de migraines n'ont pas seulement des maux de tête, elles souffrent aussi d'autres problèmes, comme le mal des transports et les vertiges, ce qui peut vraiment affecter leur qualité de vie. Cette étude nous donne donc une bien meilleure idée de ce qui se passe [dans le cerveau des personnes qui en souffrent].» L’objectif de cette étude est donc de mieux comprendre les mécanismes cérébraux qui ont lieu pendant les migraines.
65% des personnes migraineuses ont ressentis des vertiges
Pour mener leur étude, les scientifiques ont fait passer des imageries par résonance magnétique (IRM) du cerveau à quarante personnes pendant qu'elles regardaient des vidéos animées de montagnes russes en réalité virtuelle. La moitié d’entre elles avait des migraines chroniques, 80% étaient des femmes et la totalité des participants avait en moyenne 30 ans. À la fin, tous étaient invités à répondre à un questionnaire. Ainsi, 65% des personnes migraineuses ont eu des vertiges pendant la simulation, alors que cela ne concernait que 30% des participants n’ayant jamais de maux de tête. De plus, elles ont aussi indiqué que leurs sensations de nausées étaient très élevées, deux fois plus que chez les autres d’après le comparatif fait par les chercheurs. Enfin, les symptômes ressentis - nausées et étourdissements - duraient aussi trois fois plus longtemps.
Les IRM montrent une plus grande activités dans certaines zones du cerveau
Les questionnaires ont fourni des données relevant du ressenti des individus. Les chercheurs les ont ensuite comparées aux IRM afin de comprendre l’activité cérébrale que ces symptômes enclenchaient. Selon leurs résultats, les patients migraineux avaient effectivement une plus grande activité dans les zones du cerveau responsables de la vision, de la perception de la douleur, de l'équilibre et des vertiges. D’autre part, ils ont observé que plus les personnes se plaignaient de douleurs invalidantes, plus l’activité de ces différentes zones était importante. “Les personnes qui souffrent de maux de tête et celles qui n'en ont pas traitent différemment les informations relatives au mouvement et à la gravité, conclut Gabriela Carvalho. Ces résultats reflètent cette différence”. Mieux connaître les migraines pourrait, à terme, permettre aux chercheurs de mettre au point de nouveaux traitements.