Les personnes aisées à la quarantaine sont aussi celles dont l’espérance de vie est la plus longue. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs de l’université Northwestern (États-Unis) en menant une étude sur des frères et sœurs. Publiés dans la revue JAMA Health Forum, ces nouveaux travaux montrent que les personnes les plus riches au milieu de leur vie avaient aussi tendance à vivre plus longtemps.
La richesse, plus déterminante que l’espérance de vie
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé des données du projet Midlife in the United States (MIDUS), une étude longitudinale sur le vieillissement. Ils ont sélectionné des données relatives à 5 400 frères et sœurs et paires de jumeaux entre 1994-1996 et 2018. Pour distinguer les facteurs de génétique et de richesse, l'échantillon complet a ensuite été segmenté en sous-ensembles de frères et sœurs et de jumeaux. Les chercheurs ont ensuite analysé la valeur financière nette accumulée par les participants en milieu de vie (âge moyen de 46,7 ans) et leur taux de mortalité 24 ans plus tard.
Ils ont alors constaté qu’une valeur nette plus élevée était associée à un risque de mortalité plus faible. Dans l'ensemble des données relatives aux frères et sœurs et aux paires de jumeaux (n=2 490), ils ont découvert une association similaire, avec une tendance à ce que le frère ou la sœur ou le jumeau le plus riche vive plus longtemps que son frère/sa sœur ou son jumeau le moins riche.
Pour les auteurs de l’étude, cette découverte suggère que le lien entre richesse et longévité peut être causal et n'est pas simplement le reflet de traits héréditaires ou d'expériences précoces regroupés dans les familles. "L'association au sein de la famille fournit des preuves solides de l'existence d'un lien entre l'accumulation de richesses et l'espérance de vie, car la comparaison des frères et sœurs d'une même famille entre eux permet de contrôler toutes les expériences de vie et la biologie qu'ils partagent", développe Eric Finegood, chercheur postdoctoral à l'Institute for Policy Research de Northwestern.
Constituer un patrimoine pour vivre plus longtemps
Pour éviter que des problèmes de santé antérieurs (cancer, maladie cardiaque…) ne biaise les résultats, les chercheurs ont analysé deux fois les données, en utilisant uniquement des individus sans antécédents de cancer ou de maladie cardiaque. Et, même dans ce sous-groupe d’individus en bonne santé, l’association entre richesse et longévité a été observée.
"Beaucoup trop de familles américaines vivent d'un chèque de paie à l'autre, avec peu ou pas d'épargne financière dans laquelle puiser en cas de besoin, souligne Greg Miller, professeur de psychologie et auteur principal de l'étude. Dans le même temps, l'inégalité des richesses est montée en flèche. Nos résultats suggèrent que la constitution d'un patrimoine est importante pour la santé indivuduelle, même après avoir pris en compte le point de départ dans la vie. Ainsi, du point de vue de la santé publique, il est nécessaire de mettre en place des politiques qui soutiennent et protègent la capacité des individus à atteindre la sécurité financière."