Maladie silencieuse, l’hypertension artérielle (HTA) toucherait, selon une étude de Santé publique France, plus d’un Français sur trois, dont la moitié ignorerait sa condition et ne prendrait donc aucun traitement.
Cette maladie peut pourtant avoir des conséquences graves : en rigidifiant la paroi des artères, l’hyperpression du sang les fait vieillir prématurément, ce qui expose à un risque majeur d’accidents cardiovasculaires, notamment à l’infarctus du myocarde, mais aussi aux attaques cérébrales et à l’insuffisance rénale.
Pour réduire sa tension artérielle, il existe de nombreux traitements, qui agissent tous différemment sur l’hypertension. Deux traitements sont prescrits en première intention : les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA) et les antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA). Actuellement, les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine sont plus souvent prescrits que les ARA comme premier médicament pour contrôler la pression artérielle. Mais, selon une analyse de données réelles publiée dans Hypertension, la revue de l’American Heart Association, les ARA sont moins susceptibles de provoquer des effets secondaires tels qu’un œdème, une toux, une inflammation du pancréas ou des saignements dans le tube digestif.
Un risque significativement plus élevé d’effets secondaires avec les ECA
Les résultats de l’étude sont basés sur le suivi médical de 3 millions de patients prenant un médicament contre l'hypertension pour la première fois, sans antécédents de maladie cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral, aux États-Unis, en Allemagne et en Corée du Sud. antécédents de maladie cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral.
Parmi ces 3 millions de patients, les chercheurs ont sélectionné les dossiers médicaux personnes ayant commencé un premier traitement hypotenseur avec un seul médicament entre 1996 et 2018. Au total, des événements liés au cœur et des accidents vasculaires cérébraux ont été recensés chez 2 297 881 patients traités par des inhibiteurs de l'ECA à chez 673 938 patients traités par des ARA.
Si les auteurs de l’étude n'ont trouvé aucune différence significative dans la fréquence des crises cardiaques, AVC ou tout autre événement cardiaque, ils ont toutefois noté des différences dans l’apparition des effets secondaires. En tout, 51 effets secondaires différents ont été recensés. Par rapport aux personnes prenant des ARA, les personnes prenant des inhibiteurs de l'ECA étaient 3,3 fois plus susceptibles de développer une accumulation de liquide et un gonflement des couches profondes de la peau et des muqueuses (angioedème). Ils étaient aussi 32 % plus susceptibles de développer une toux (qui peut être sèche, persistante et gênante) et avaient 32 % plus de risques de développer une inflammation soudaine du pancréas (pancréatite). Enfin, prendre des inhibiteurs de l'ECA augmentaient de 18 % le risque de développer des saignements dans le tractus gastro-intestinal.
"Nous n'avons pas détecté de différence dans la façon dont les deux types de médicaments réduisaient les complications de l'hypertension, mais nous avons constaté une différence dans les effets secondaires, explique George Hripcsak, co-auteur principal de l’étude. Si un patient commence un traitement contre l'hypertension pour la première fois, nos résultats indiquent qu'il faut commencer par l'ARA plutôt que par l'inhibiteur de l'ECA."
Selon l’autre co-auteur RuiJun Chen, "les ARA ne diffèrent pas en termes d'efficacité et peuvent avoir moins d'effets secondaires que les inhibiteurs de l'ECA chez les personnes qui commencent juste le traitement". "Nous ne pouvons malheureusement pas étendre ces conclusions aux personnes qui prennent déjà des inhibiteurs de l'ECA ou à celles qui prennent plusieurs médicaments. Nous rappelons que si vous ressentez des effets secondaires de votre médicament, vous devez discuter avec votre médecin pour savoir si votre régime antihypertenseur doit être adapté", conclut-il.