La technologie à ARN messager est la nouvelle arme pour développer les futurs vaccins. Après celui contre la Covid-19, le cancer et le paludisme pourraient bien être les deux prochaines maladies à bénéficier d’un vaccin à ARNm. Le laboratoire allemand BioNTech, qui a mis au point un vaccin avec l’entreprise Pfizer, planche sur les deux solutions.
Les essais cliniques démarreront en 2022
En mars dernier, la scientifique allemande Ozlem Tureci, cofondatrice de BioNTech a affirmé que l’entreprise planche sur un vaccin contre le cancer. “Nous avons plusieurs vaccins anticancéreux différents qui se basent sur l’ARN messager”, a indiqué la chercheuse à l’agence américaine Associated Press. Pour l’heure, aucune date de mise sur le marché n’est avancée. “Il est très difficile de faire des prédictions dans le domaine du développement de l'innovation, a-t-elle concédé. Mais nous escomptons que d'ici quelques années, nous aurons réussi à achever nos vaccins de manière à pouvoir les proposer aux gens.”
En parallèle, l’entreprise travaille à la fabrication d’un vaccin contre le paludisme. “BioNTech compte développer le premier vaccin à ARNm pour la prévention de la malaria”, a déclaré le groupe dans un communiqué publié ce lundi 26 juillet. Les essais sont prévus pour démarrer l’an prochain. “La probabilité de succès est grande”, assure Ugur Sahin, directeur et cofondateur de BioNTech. Les études auront lieu en Afrique et “d'autres régions où la malaria est répandue”, précise le communiqué.
En 2022, le groupe allemand a annoncé se lancer également dans la fabrication d’un vaccin contre la tuberculose.
L’ARN messager, c’est quoi ?
L’ARN messager, ARNm ou acide ribonucléique message, désigne la copie faite d'un morceau d'ADN d'un ou plusieurs gènes. Comme le décrit l’Inserm, nos cellules ont besoin de protéines pour fonctionner. Les plans de fabrication de ces protéines – nos gènes - sont “gardés bien à l’abri, à l’intérieur du noyau cellulaire”. Or, les usines qui synthétisent les protéines – les ribosomes – sont quant à elles situées à l’extérieur de ce noyau. “Dès lors, la fabrication des protéines n’est pas réalisée à partir des plans originaux, mais en s’appuyant sur leur ‘duplicata’ : les ARN messagers”, poursuit l’Inserm. Les ARNm sont donc des molécules chargées de transmettre l’information codée dans notre génome, pour permettre la synthèse des protéines nécessaires au fonctionnement de nos cellules. “Lorsqu’une cellule a besoin d’une protéine, le plan de fabrication de cette dernière est ‘photocopié’. La copie ainsi générée – un ARN messager – est ensuite exportée hors du noyau et rejoint les ribosomes où elle permet la synthèse de la protéine demandée. Très instable et fragile, cette copie est ensuite rapidement détruite.”
En observant ce système, des chercheurs ont eu l’idée d’utiliser ces ARN messager pour mettre au point des vaccins, d’habitude basés sur l’administration d’un agent infectieux atténué ou inactivé. “L’objectif est de déclencher une réponse immunitaire dirigée contre le pathogène, associée à la production de cellules mémoires qui nous protégeront en cas d’infection ultérieure. Avec les vaccins à ARN messager, l’idée est de laisser nos cellules fabriquer elles-mêmes le composant contre lequel notre organisme va apprendre à se défendre”, décrypte l’Inserm. Ainsi, on injecte à l’organisme un ARN messager qui correspond au plan de fabrication d’une protéine du virus ciblé contre laquelle l’organisme va s’entraîner à lutter. “L’avantage de cette approche, c’est que les ARN sont bien plus simples et plus rapides à produire que les composants des vaccins ‘classiques’. Son défaut : la fragilité de ces petites molécules d’acide ribonucléique impose de conserver les préparations vaccinales à une température extrêmement basse”, conclut l’Institut.