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Hormone de la satiété

Diabète de type 2 : le rôle de la leptine dans la formation de la maladie

Par Jean-Guillaume Bayard

L'altération du transport de la leptine, l’hormone de la satiété, contribue à dérégler la sécrétion de l’insuline et favorise l’apparition du diabète.

whitehoune/iStock
La leptine est transportée vers le cerveau grâce à des cellules appelées tanycytes sur lesquelles elle se fixe grâce à des récepteurs appelés LepR.
C’est durant ce transport altéré vers le cerveau ui explique en partie les dysfonctionnements dans la régulation de l’appétit chez les personnes obèses ou en surpoids.
L'absence du récepteur LepR dérègle la sécrétion de l'insuline et favorise le trop plein de glucose qui provoque le diabète de type 2.

La leptine, autrement appelé hormone de la satiété ou hormone coupe faim, est une hormone sécrétée par le tissu adipeux en fonction des réserves de graisses dans l’organisme. Son rôle est de réguler l’appétit en contrôlant la sensation de satiété. Dans une nouvelle étude, publié ce lundi 2 août dans la revue Nature Metabolism, des chercheurs français de l’Inserm ont découvert que sa dérégulation modifie la sécrétion de l’insuline et favorise l’apparition du diabète.

Sans récepteur, la masse graisseuse augmente

La leptine est transportée vers le cerveau grâce à des cellules appelées tanycytes sur lesquelles elle se fixe grâce à des récepteurs appelés LepR. C’est par ce procédé que l’hormone parvient à franchir la barrière hémato-encéphalique et à délivrer aux neurones l’information de satiété. Des recherches antérieures ont montré que c’est justement durant ce transport vers le cerveau qui est altéré chez les personnes obèses ou en surpoids et qui explique en partie les dysfonctionnements dans la régulation de l’appétit.

Dans cette nouvelle recherche, les scientifiques ont étudié de plus près le rôle des récepteurs LepR. Dans des modèles de souris, ils observé ce qu’il se passe en l’absence de ces récepteurs. Après trois mois, ils ont constaté que la masse graisseuse des souris a été multipliée par deux tandis que la masse musculaire a été diminuée de moitié.

Un transport altéré de leptine impliqué dans le développement du diabète de type 2

En outre, les chercheurs ont noté que, pour maintenir des niveaux glycémiques normaux, les souris ont sécrété davantage d’insuline au cours des quatre premières semaines de l’expérience. Trois mois après le retrait du récepteur, leur capacité de sécrétion d’insuline par le pancréas semblait épuisée. Ces caractéristiques montrent que les souris ont développé un état pré-diabétique. “À plus long terme, les souris deviennent incapables de sécréter de l’insuline et donc de contrôler la quantité de glucose présente dans le sang, ont écrit les chercheurs. Ces données suggèrent ainsi qu’un transport altéré de la leptine vers le cerveau, via les récepteurs LepR, est impliqué dans le développement du diabète de type 2.”

En temps normal, la glycémie augmente après ingestion de glucose, avant de redescendre, afin de l’aider à pénétrer les cellules de l’organisme. Sans le récepteur LepR, la glycémie affiche des niveaux anormalement élevés à jeun qui augmentent encore après ingestion de glucose. Cela rend le pancréas incapable de sécréter l’insuline nécessaire et il devient non fonctionnel.

La leptine indispensable au cerveau

Dans un dernier temps, les chercheurs ont réintroduit de la leptine dans le cerveau pour observer la réaction de l’organisme. Cela a provoqué une reprise immédiate de son action et de celle du pancréas qui a tout de suite retrouvé sa capacité à sécréter de l’insuline pour réguler la glycémie. Pour les souris, cela leur a permis d’avoir de nouveau un métabolisme en bonne santé.

Nous montrons en effet d’une part que la perception de la leptine par le cerveau est indispensable pour la gestion de l’homéostasie énergétique et de la glycémie. D’autre part, que le blocage du transport de la leptine vers le cerveau altère le bon fonctionnement des neurones qui contrôlent les sécrétions d’insuline du pancréas”, conclut Vincent Prévot, directeur de recherche à l’Inserm, dernier auteur de l’étude.