- Un taux de vaccination rapide réduit le risque d'émergence d'une souche résistante.
- Le risque le plus élevé d'émergence de souches résistantes survient lorsqu'une grande partie de la population est vaccinée, environ 60%, mais pas assez pour assurer l'immunité collective.
- Les chercheurs le rappellent et le martèlent : “les vaccins sont notre meilleur pari pour vaincre cette pandémie”.
Au 1er août, 63% de la population française a reçu une dose de vaccin et quasiment 53% a complété son schéma vaccinal avec les deux injections. Selon une nouvelle étude, parue le 30 juillet dans la revue Nature Scientific Reports, ces chiffres sont justement ceux qui favorisent l’apparition de nouveaux variants résistants. Des conclusions qui insistent sur l'importance de la vaccination pour atteindre l'immunité collective et rappellent la nécessité de maintenir des mesures les gestes barrières en attendant de l'atteindre.
Un résultat contre-intuitif
L’équipe de chercheurs, composée d’une cohorte de scientifiques européens, a simulé la probabilité d'émergence d'une souche résistante au vaccin dans une population de 10 millions de personnes sur trois ans, en fonction du taux de vaccination. De manière “prévisible”, écrivent les auteurs de l’étude, le modèle a montré qu'un taux de vaccination rapide réduit le risque d'émergence d'une souche résistante. En revanche, et ce résultat a été qualifié de “contre-intuitif”, le modèle a montré que le risque le plus élevé d'émergence de souches résistantes survient lorsqu'une grande partie de la population est vaccinée mais pas assez pour assurer l'immunité collective.
Ce seuil estimé à environ 60%, soit bientôt celui atteint en France et dans une grande partie des pays occidentaux et où le variant Delta se répand rapidement. “Ce que notre modèle a montré, c'est que lorsque la plupart des gens sont vaccinés, la souche résistante au vaccin a un avantage sur la souche d'origine, assure Simon Rella, chercheur autrichien et co-auteur de l’étude. Cela signifie que la souche résistante au vaccin se propage dans la population plus rapidement que la souche d'origine à un moment où la plupart des gens sont vaccinés.”
Maintenir les gestes barrières
Les chercheurs le rappellent et le martèlent : “les vaccins sont notre meilleur pari pour vaincre cette pandémie”, insiste Simon Rella. Le problème est justement que toute la population ne se fait pas vacciner, ce qui laisse la porte ouverte au virus pour muter et s’adapter aux contraintes environnementales, telles que l'immunité croissante et les mesures de réponse conçues pour limiter la transmission.
Ces résultats confirment qu’il est important de respecter le port du masque et la distanciation physique. “L'évolution est une force très puissante et le maintien de quelques précautions raisonnables tout au long de la période de vaccination peut en fait être un bon outil pour contrôler cette évolution”, souligne Fyodor Kondrashov, co-auteur de l’étude.
Un problème mondial
Dans le monde, un peu plus d'un milliard de personnes sont entièrement vaccinées mais il existe de grandes disparités en fonction des régions. “Sans coordination mondiale, les souches résistantes aux vaccins pourraient être éliminées dans certaines populations mais pourraient persister dans d'autres, notent les chercheurs. Ainsi, un effort de vaccination véritablement mondial peut être nécessaire pour réduire les risques de propagation mondiale d'une souche résistante.”