L’appendice ne serait pas inutile ! Pendant longtemps, l’organe situé dans l’abdomen a été considéré comme n’ayant pas vraiment d’utilité alors qu’il est présent dans de nombreux mammifères. Dans une nouvelle étude, publiée le 7 juillet dans le Journal of Anatomy, des chercheurs français de l’Inserm et du Muséum National d’Histoire Naturelle affirment que l’appendice serait corrélé à l’allongement de la longévité.
La première démonstration d’un lien entre appendice et longévité
L’appendice conférerait un avantage sélectif positif à ceux qui le possèdent. On est loin des théories de Charles Darwin qui avait affirmé qu’il s’agissait d’une structure vestigiale, inutile et dénuée de fonction, voire même dangereux avec un risque d’inflammation et la fameuse appendicite. De nombreuses études se sont penchées sur cet organe afin de mieux comprendre sa fonction mais aucune n’est parvenue à une conclusion définitive.
Dans cette recherche, les scientifiques ont tenté de percer à jour l’intérêt de l’appendice. Pour cela, ils ont analysé les données de 258 espèces de mammifères dont 39 avec et 219 sans appendice. Ils se sont notamment intéressés à la longévité maximale théorique, soit la durée de vie théorique des mammifères qui est établie en fonction de leur poids, et la longévité maximale réelle des différentes espèces étudiées.
Un sanctuaire bactérien
Les résultats ont révélé que la présence de l’appendice est corrélée à un allongement de longévité maximale. “L’idée de s’intéresser à la longévité nous a été suggérée par nos travaux portant sur la relation entre appendicite/appendicectomie, rectocolite hémorragique et l’implication du système immunitaire, a souligné Éric Ogier-Denis, auteur principal de l’étude. Avec un système immunitaire plus actif et mieux éduqué, on doit théoriquement mieux résister à l’environnement et vivre plus longtemps. Nous avons donc testé cette hypothèse en nous associant avec deux experts de l’évolution internationalement connus du Muséum National d’Histoire Naturelle. Il s’agit de la première démonstration de l’existence d’une corrélation entre la présence de l’appendice et un trait de l’histoire de vie des mammifères.”
Pour les chercheurs, ce lien serait dû à la structure de l’appendice. Par sa forme, l’organe favoriserait la constitution d’un “sanctuaire bactérien” sélectif qui permettrait de diminuer la mortalité par diarrhée infectieuse en favorisant la recolonisation rapide des espèces bactériennes essentielles à l’hôte. La présence de l’appendice serait ainsi associée à une diminution de la mortalité et donc à l’allongement de la longévité chez les mammifères qui en sont dotés.
L’appendicite ne modifie pas la longévité
“Cela ne signifie pas qu’une appendicectomie pour appendicite réalisée chez l’Homme modifie la longévité, précise Éric Ogier-Denis. En effet, l’appendicite dans le jeune âge est certainement bénéfique en exacerbant l’éducation du système immunitaire et en lui permettant de lutter plus efficacement en cas d’infection ultérieure. Le traitement de l’appendicite reste l’appendicectomie et ce travail n’apporte aucun argument suggérant de modifier cette attitude thérapeutique. Seule l’appendicectomie réalisée sans appendicite pourrait avoir des conséquences délétères dans le contexte de pathologies inflammatoires et infectieuses intestinales.”