Depuis le printemps 2020, les tests PCR sont l’outil de dépistage principal pour la Covid-19. Cette technologie est ancienne : grâce à elle, son inventeur a reçu un pris Nobel de Chimie en 1993. Pourtant, elle continue d’évoluer. Des chercheurs français ont mis en lumière une manière de repérer les personnes à risque de forme grave et celles qui sont contagieuses. Dans Journal of Experimental Medicine, ces scientifiques de l’AP-HP expliquent comment la présence d’une protéine peut être utilisée pour identifier ces patients.
Une protéine liée à la réponse immunitaire
Cette équipe de recherche s’est intéressée à l’interféron de type I. Dans un communiqué, ils précisent son rôle, il s’agit d’une "protéine de la famille des cytokines, habituellement produite de manière rapide par le système immunitaire en réponse à une infection virale et qui a pour principal effet d'inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées". En mai 2020, plusieurs études ont observé que les patients en réanimation n’avaient pas cette protéine dans le sang. "Ce défaut, pouvait notamment être expliqué par la présence d’auto-anticorps, qui allaient empêcher son action antivirale", soulignent-ils.
Un procédé de dépistage similaire
Les équipes lyonnaises et parisiennes ont observé la réponse de cette protéine chez différents types de patients : ceux présentant des formes légères et ceux présentant des formes graves, hospitalisés en service de réanimation. Pour mesurer ce qu’ils appellent la "réponse IFN-I", ils ont eu recours au même écouvillon que celui utilisé pour le dépistage du SARS-CoV-2. "On a utilisé l’interféron de type I comme marqueur de réplication active du virus, détaille Dr Sophie Trouillet-Assant, chercheuse-associée signataire de l’étude. S’il y a un peu de virus et pas d’IFN-I dans votre prélèvement, vous avez été malade mais n’êtes plus contagieux. A l’inverse, s’il y a une grande quantité de virus et d’IFN-I, cela plaide en faveur d’un isolement." Une personne ayant une grande quantité de virus, sans IFN-I, serait plus à risque de faire une forme grave. "La mesure de la réponse IFN-I au niveau nasal et l’évaluation de la présence d’auto-anticorps dans le sang pourraient ainsi être utilisées pour aider à stratifier les patients et à identifier ceux à risque de développer une forme grave de la maladie, et ce dès le début de l'infection, au moment de l’écouvillonnage pour le dépistage standard du SARS-CoV-2", concluent les chercheurs. Ainsi, les patients les plus à risque de formes graves pourraient bénéficier d'un suivi plus intensif, à l'inverse, celles positives, mais non contagieuses, verraient leur quarantaine allégée.