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Métabolisme

Comment nos dépenses énergétiques varient avec l’âge

Par Charlotte Arce

Plus nous vieillissons, moins notre organisme brûle d’énergie.

ratmaner/iStock
Contrairement à ce que pensaient certains chercheurs, l'adolescence n'est pas l'âge auquel les dépenses énergétiques de notre corps sont les plus importantes.
Ce sont les tout-petits, et en particulier ceux de moins de un an, qui ont le plus haut métabolisme. Un enfant d'un an brûle ainsi des calories 50 % plus vite qu'un adulte de la même masse corporelle.
Le métabolisme se stabilise ensuite à la vingtaine, et décline progressivement à partir de 60 ans.

Comment se fait-il que les enfants puissent se gaver de glaces, de bonbons et de chocolat sans prendre de poids, tandis que les adultes remarquent instantanément sur leur balance toute entorse à leur régime alimentaire ? Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Science, c’est parce que notre métabolisme, c’est-à-dire la vitesse à laquelle on brûle les calories, est très haut à l’enfance, puis se stabilise avant de décliner en vieillissant.

"De nombreux changements physiologiques interviennent lorsque l'on grandit et que l'on vieillit, explique Herman Pontzer, professeur associé d'anthropologie évolutionniste à l'université Duke et co-auteur de l’étude. Pensez à la puberté, à la ménopause, aux autres phases de la vie. Ce qui est bizarre, c'est que le calendrier de nos 'étapes de vie métaboliques' ne semble pas correspondre à ces étapes typiques."

Un pic de dépense énergétique lors de la première année de vie

Pour mieux comprendre les variations des dépenses énergétiques en fonction de l’âge, l’équipe internationale de chercheur a analysé les calories moyennes brûlées par plus de 6 600 personnes âgées résidant dans 29 pays. Le plus jeune sujet était âgé d'une semaine et le plus âgé de 95 ans.

Les chercheurs ont commencé par calculer le taux métabolique de chaque individu, c’est-à-dire sa dépense énergétique quotidienne totale. Pour cela, ils ont utilisé la méthode "l'eau doublement marquée" : un test urinaire qui consiste à faire boire ne eau contenant des versions modifiées d’hydrogène et d’oxygène, afin de mesurer la vitesse à laquelle ces molécules sont évacuées de l’organisme.

Les résultats obtenus ont surpris les chercheurs. Alors que certains pensaient que l'adolescence et la vingtaine sont l'âge où le potentiel de combustion des calories atteint son maximum, il s’est avéré que ce sont les nourrissons qui ont présenté les taux métaboliques les plus élevés.

Les besoins énergétiques augmentent au cours des 12 premiers mois de la vie, de sorte qu'à son premier anniversaire, un enfant d'un an brûle des calories 50 % plus vite qu'un adulte par rapport à sa taille. D’après les chercheurs, ce n’est pas seulement parce que les nourrissons grandissent et prennent très rapidement du poids durant leur première année. "Bien sûr, ils grandissent, mais même si l'on tient compte de ce facteur, leurs dépenses énergétiques sont beaucoup plus élevées que ce à quoi on pourrait s'attendre compte tenu de leur taille et de leur composition corporelle, affirme le Pr Pontzer. Quelque chose se passe à l'intérieur des cellules du bébé pour les rendre plus actives, et nous ne savons pas encore quel est ce processus."

Un déclin métabolique progressif après 60 ans

Le métabolisme ralentit ensuite d’environ 3 % par an jusqu’à la vingtaine, où il se stabilise à un niveau normal. Bien que l’adolescence soit une période de poussées de croissance, les chercheurs n'ont pas constaté d'augmentation des besoins caloriques quotidiens.

Autre surprise relevée par l’étude : il n’y a pas de changement métabolique significatif constaté à la trentaine. Les scientifiques ont même découvert que les dépenses énergétiques au cours de ces décennies intermédiaires - 20, 30, 40 et 50 ans - étaient les plus stables. Même pendant la grossesse, les besoins caloriques d'une femme n'étaient ni plus ni moins importants que prévu, compte tenu de l'augmentation de son poids pendant la croissance du bébé.

En revanche, le métabolisme commence réellement à décliner après 60 ans. Mais ce ralentissement de la dépense énergétique est progressif : 0,7 % par en an moyenne. Ainsi, une personne de 90 ans a besoin de 26 % de calories en moins chaque jour qu'une personne en milieu de vie.

Selon les chercheurs, la perte de masse musculaire avec l'âge pourrait être en partie responsable de ce phénomène, car les muscles brûlent plus de calories que les graisses. Mais ce n'est pas tout. "C'est parce que leurs cellules ralentissent", souligne le Pr Pontzer.

"Tout porte à croire que le métabolisme des tissus, c'est-à-dire le travail des cellules, évolue au cours de la vie d'une manière que nous n'avons pas encore pleinement appréciée. Nous avons vraiment besoin d'un grand ensemble de données comme celui-ci pour aborder ces questions", conclut le chercheur.