Avoir un emploi avec des missions diversifiées, qui nous challengent et nous stimulent cognitivement ne participe pas seulement à l'épanouissement professionnel. C’est aussi un excellent moyen de prévenir ou retarder l’apparition de la démence une fois âgés.
C’est ce que démontre une nouvelle méta-analyse publiée dans le British Medical Journal (BMJ). Selon ses auteurs, les personnes ayant un job stimulant mentalement présentent un risque plus faible de démence à un âge avancé que celles ayant un emploi non stimulant.
123 000 participants suivis pendant 17 ans
Menée par une équipe internationale de chercheurs, cette nouvelle étude s’appuie sur de précédents travaux réalisés au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis sur les liens entre les facteurs liés au travail et les maladies chroniques, l'invalidité et la mortalité.
Pour mieux comprendre l'association entre un travail stimulant sur le plan cognitif et le risque ultérieur de démence, les auteurs ont examiné trois associations. La première porte sur la stimulation cognitive et le risque de démence chez 107 896 participants. La deuxième s’intéresse au lien entre la stimulation cognitive et les protéines dans un échantillon aléatoire de 2 261 participants d'une autre étude. Enfin, ils ont examiné le lien entre les protéines et le risque de démence chez 13 656 participants de deux études.
Tous ces participants ont été suivis pendant 17 ans en moyenne pour voir s’ils développaient ou non une démence. Les résultats ont montré que ceux exerçant un travail cognitivement stimulant avaient un risque de démence plus faible. Le taux d’incidence était ainsi de 4,8 pour 10 000 années-personnes dans le groupe à forte stimulation et de 7,3 dans le groupe à faible stimulation.
Même après ajustement en fonction des facteurs de risque de démence, les résultats sont restés probants. Les auteurs ont aussi noté que cette association ne différait pas entre les hommes et les femmes ou entre les personnes de moins et de plus de 60 ans. Cependant, il semble que l'association soit plus forte pour la maladie d'Alzheimer que pour les autres démences.
Une étude d'observation
Comment expliquer ce lien entre stimulation mentale et risque plus faible de démence ? Les auteurs avancent l’hypothèse que la stimulation intellectuelle est liée à des niveaux plus faibles de certaines protéines qui peuvent empêcher les cellules du cerveau de former de nouvelles connexions.
Ils rappellent cependant qu’il s’agit d’une étude d’observation, qui ne peut donc pas établir de cause. Toutefois, les résultats de grande envergure suggèrent qu’il existe bien des mécanismes biologiques sous-jacents susceptibles d’augmenter le risque de démence chez les personnes n’exerçant pas un emploi qui les stimule.