Face à la Covid-19, les patients ne sont pas égaux. Certains sont asymptomatiques tandis que d’autres développent des formes sévères qui engendrent des hospitalisations. Deux nouvelles études, parues ce jeudi 19 août dans la revue Science Immunology, affirment qu'un quart des formes sévères du virus s'expliquent par une anomalie génétique ou immunologique. Ces deux nouvelles recherches ont été menées par des chercheurs internationaux et pilotées par des chercheurs de l’Inserm et enseignants-chercheurs d’Université de Paris et médecins de l’AP-HP au laboratoire de génétique humaine des maladies infectieuses.
Une anomalie génétique du gène TLR7 chez certains patients masculins
Dans la première étude, les scientifiques ont cherché à comprendre pourquoi les hommes sont plus touchés par les formes graves que les femmes. Ils ont commencé par séquencer le chromosome X de 1 202 patients qui ont développé une forme grave de Covid-19. Parmi eux, ils ont constaté que 16 possèdent des variants génétiques dits “pertes de fonction” au niveau du gène TLR7 qui ont conduit au développement de formes critiques. “Ce gène joue un rôle majeur dans le mécanisme de production d'IFN 1”, une protéine produite en réponse à une infection virale et qui a pour effet “d’inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées”, avance l’AP-HP dans un communiqué.
Le résultat est que “les 16 patients présentaient ainsi un déficit d’IFN 1 empêchant leurs cellules de lutter contre l’infection au Sars-Cov-2, expliquant ainsi les formes sévères”, souligne l’AP-HP. Pour cette recherche, et afin d’obtenir un échantillon représentatif et éviter tout biais ethnique, “les chercheurs ont recruté des patients partout dans le monde, mobilisant 400 centres de recherche dans 38 pays différents, assure l'AP-HP. De sorte que les résultats de cette cohorte soient transposables à la population générale. Il en ressort que 1,3% des formes graves de Covid-19 s’expliquent par des anomalies génétiques du gène TLR7 chez les hommes. Ce déficit est plus fréquent (1.8%) chez les malades de moins de 60 ans.”
15 à 20% des formes graves causées par des auto-anticorps dans le sang des patients
Au cours de la deuxième étude, les chercheurs ont mis en évidence que 15 à 20% des formes sévères sont dues à la présence dans le sang des patients d'auto-anticorps. Ces derniers visent spécifiquement les IFN 1. “Il a été mis en évidence que ces anticorps bloquent l’effet protecteur de l’IFN 1 sur la réplication virale. Le virus Sars-Cov-2 pénètre ainsi dans les cellules sans rencontrer de résistance et se réplique de façon incontrôlée”, ajoute le communiqué. Pour cette recherche, les scientifiques ont examiné 3 595 patients ayant fait une forme critique, 1 639 asymptomatiques et 34 159 personnes en bonne santé, provenant de 38 pays différents.
Par ailleurs, cette étude a constaté que les auto-anticorps dirigés contre les IFN 1 augmentent avec l'âge, pouvant expliquer pourquoi plus de personnes âgées sont concernées par les formes graves. Ils apparaissent très rares avant 65 ans (0,2 à 0,5%) et augmentent ensuite exponentiellement en vieillissant, atteignant 4% entre 70 et 79 ans et 7% entre 80 et 85 ans.