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Altération cellulaire

Hépatite C : pourquoi la maladie accroît le risque de cancer du foie

Par Charlotte Arce

Une étude menée sur des souris montre que les cellules ayant guéri d’une infection à l’hépatite C subissaient des modifications génétiques qui augmentent le risque de développer un cancer du foie.

Rost-9D/iStock
Lorsqu'elles sont infectées par le virus responsable de l'hépatite C, certaines cellules hépatiques s'auto-guérissent et éliminent le virus. 
Des expériences menées sur des souris montrent toutefois que ces cellules subissent des dommages génétiques qui altèrent notamment leur capacité de division cellulaire et leur métabolisme cellulaire.
Pour les chercheurs, cela explique pourquoi les patients touchés par l'hépatite C présentent un risque accru de cancer du foie.

Souvent silencieuse et asymptomatique, l’hépatite C est une infection virale du foie se transmettant par voie sanguine et qui peut, à terme, provoquer une cirrhose et un cancer primitif du foie.

Jusqu’à présent, les scientifiques pensaient que le virus de l’hépatite C restait en dormance dans les cellules infectées de l’organisme, ce qui pouvait causer ces pathologies, et en particulier le cancer du foie. Une nouvelle étude menée par l’université de Bâle (Suisse) et publiée dans le Journal of Experimental Medicine démontre que ce n’est en fait pas le cas. En menant des expériences sur des souris, l’équipe scientifique a découvert que les cellules infectées par les virus comme l’hépatite C avaient le pouvoir de s’auto-guérir et d’éliminer les virus. Cependant, en contrepartie, ces cellules subissent des modifications qui peuvent expliquer pourquoi les patients ayant guéri d’une hépatite C sont plus susceptibles de développer un cancer du foie.

Une altération du profil génétique des cellules

Les expériences menées par l’équipe de recherche ont porté le virus de la chorioméningite lymphocytaire (LCMV), qui déclenche une infection chronique chez la souris, et qui est similaire au virus de l'hépatite C chez l’humain car il infecte également le foie.

Les chercheurs ont constaté que le LCMV finissait par disparaître après un certain temps des cellules hépatiques infectées, même s’ils ignorent encore comment cela se produit.

"Les cellules hépatiques semblent avoir leur propre mécanisme pour éliminer un virus de l'intérieur", explique le Dr Peter Reuther, l'un des deux principaux auteurs de l'étude.

Toutefois, même si les cellules hépatiques ont un pouvoir d'auto-guérison, l'infection ne passe pas sans laisser de traces. Comme l'a montré une analyse plus poussée des cellules guéries, leur profil génétique est resté altéré : les mêmes gènes n'étaient plus lus en même quantité que dans les cellules qui n'avaient pas été soumises à l'infection. Le changement a particulièrement touché les gènes liés à la division cellulaire et au métabolisme cellulaire. Les chercheurs ignorent encore combien de temps ces changements persistent.

De possibles modifications génétiques en cas de Covid long

Pour les auteurs, cette découverte est à mettre en parallèle avec l’hépatite C, qui altère de la même manière le matériel génétique des cellules hépatiques. "On pourrait supposer que ces changements à long terme sont l'une des raisons pour lesquelles les patients atteints d'hépatite C guérie présentent un risque accru de cancer du foie", avance le Dr Katrin Martin, co-autrice principale de l'article.

Dans de futurs travaux, les chercheurs vont chercher à savoir si de telles modifications des programmes génétiques affectent également les cellules d'autres organes à la suite d'infections virales temporaires. Ils souhaitent aussi identifier le mécanisme par lequel les cellules de l'organisme parviennent à se débarrasser des virus.

"Deux questions se posent d'un point de vue médical. Comment empêcher ces virus de se propager de cellule en cellule lors d'une infection chronique et d'affecter ainsi un grand nombre de cellules ? Et est-il possible d'inverser les modifications du profil génétique et de prévenir les dommages ultérieurs ?", souligne le professeur Daniel Pinschewer, qui a dirigé la recherche. Selon lui, ces modifications à long terme suite à une infection virale pourront aussi se retrouver dans d’autres affections, comme l'asthme et le Covid long.