- Un individu né en 2000 avait 38% de chances de connaître une épidémie de l'ampleur de celle du Covid-19 au cours de sa vie.
- Une nouvelle pandémie d'une ampleur similaire à celle de la Covid-19 est probable dans un délai de 59 ans.
La pandémie de Covid-19 est sans doute l'épidémie virale la plus meurtrière que le monde ait connue depuis plus d'un siècle. Mais statistiquement, de tels événements extrêmes ne sont pas aussi rares qu'on pourrait le penser. C’est ce qu’affirme une nouvelle analyse des épidémies apparues au cours des 400 dernières années. Dans des résultats publiés le 23 août dans le PNAS, ses auteurs affirment que la probabilité de vivre un évènement épidémique tel que celui du Covid pourrait doubler dans les prochaines décennies.
La probabilité de futures épidémies ne fait qu’augmenter
Les chercheurs suggèrent que la probabilité d'une pandémie ayant un impact similaire à celui de la Covid-19 est d'environ 2% chaque année. Cela signifie qu'une personne née en l'an 2000 avait environ 38% de chances d'en subir une. Selon eux, cette probabilité ne fait qu'augmenter. Des chiffres qui soulignent, selon eux, la nécessité d'ajuster les perceptions des risques de pandémie et les attentes en matière de préparation. “Le point le plus important à retenir est que les grandes pandémies comme la Covid-19 et la grippe espagnole sont relativement probables, indique William Pan, co-auteur de l’étude. Comprendre que les pandémies ne sont pas si rares devrait accroître la priorité des efforts pour les prévenir et les contrôler à l'avenir.”
Pour l’étude, les scientifiques ont utilisé de nouvelles méthodes statistiques pour mesurer l'ampleur et la fréquence des épidémies pour lesquelles il n'y a eu aucune intervention médicale immédiate au cours des quatre derniers siècles. Leur analyse a couvert la peste, la variole, le choléra, le typhus et les nouveaux virus de la grippe. Ils se sont rendus compte d’une variabilité considérable dans la vitesse à laquelle les pandémies se sont produites dans le passé mais sont parvenus à identifier des modèles qui leur ont permis de décrire les probabilités que des événements d'échelle similaire se reproduisent.
Le risque de nouvelles épidémies pourrait tripler
Dans le cas de la pandémie la plus meurtrière de l'histoire moderne, en l’occurrence la grippe espagnole qui a tué plus de 30 millions de personnes entre 1918 et 1920, la probabilité qu'une pandémie d'une ampleur similaire se produise variait de 0,3 % à 1,9 % par an sur la période étudiée. Des chiffres qui indiquent qu'il est statistiquement probable qu'une pandémie d'une telle ampleur extrême se produira dans les 400 prochaines années.
Les chercheurs ajoutent que le risque d'épidémies intenses augmente rapidement. Sur la base du taux croissant auquel de nouveaux agents pathogènes tels que le SRAS-CoV-2 se sont libérés dans les populations humaines au cours des 50 dernières années, l'étude estime que la probabilité de nouvelles épidémies de maladies va probablement tripler au cours des prochaines décennies.
Une pandémie type Covid-19 dans les 59 prochaines années
Grâce à leur modèle mathématique, les chercheurs estiment qu'une pandémie d'une ampleur similaire à celle de la Covid-19 est probable dans un délai de 59 ans. Ils sont même allés plus loin en allant jusqu’à calculer à probabilité d'une pandémie capable d'éliminer toute vie humaine, sans inclure cela dans l’étude. Ils estiment cela probable au cours des 12 000 prochaines années.
“Cela ne veut pas dire que nous pouvons compter sur un sursis de 59 ans d'une pandémie de type Covid, ni que nous sommes à l'abri d'une calamité de l'ampleur de la grippe espagnole pendant encore 300 ans, rappelle Gabriel Katul, co-auteur de l’étude. De tels événements sont également probables au cours de n'importe quelle année au cours de la période. Lorsqu'une crue centennale se produit aujourd'hui, on peut supposer à tort que l'on peut se permettre d'attendre encore 100 ans avant de subir un autre événement de ce type. Cette impression est fausse. On peut avoir une autre crue centennale l'année suivante.”