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Sommeil paradoxal

Les rêves, un bol d’air pour le cerveau !

Par Charlotte Arce

Des expériences menées sur des souris montrent que la phase de rêve pendant le sommeil est primordiale pour fournir au cerveau son apport d’oxygène et en nutriments, ainsi que dans le processus d’élimination des déchets.

amixstudio/iStock
Nous rêvons pendant la phase de sommeil dite paradoxale. Cette nouvelle étude montre que cette phase est primordiale pour notre santé car il s'y produit un afflux sanguin important via les capillaires du cerveau.
Cet afflux sanguin apporte au cerveau de l'oxygène, des nutriments, et élimine les déchets.

Correspondant à une énergie emmagasinée que le cerveau doit évacuer pour se soulager d'une tension psychique, les rêves sont indispensables pour nous aider à faire face aux difficultés de la vie et pour consolider notre mémoire. Mais selon une nouvelle étude, ils seraient aussi primordiaux à la bonne santé de notre cerveau !

C’est ce que mettent en lumière des chercheurs de l'université de Tsukuba et de l'université de Kyoto (Japon). Dans une étude publiée dans la revue Cell Reports, ils détaillent les résultats de leurs expériences menées sur des souris pendant la phase de rêve du sommeil appelée le sommeil à mouvements oculaires rapides. Durant cette phase, le flux sanguin capillaire joue un rôle primordial, apportant au cerveau oxygène et nutriments, et facilitant l’élimination des déchets.

Une augmentation du flux sanguin pendant les rêves

Des études antérieures ont mesuré les différences de flux sanguin dans le cerveau entre le sommeil paradoxal, le sommeil non paradoxal et l'état de veille en utilisant diverses méthodes, mais les résultats étaient souvent contradictoires. Les chercheurs ont ici utilisé une technique permettant de visualiser directement le mouvement des globules rouges dans les capillaires cérébraux (où les nutriments et les déchets sont échangés entre les cellules du cerveau et le sang) de souris pendant les états d'éveil et de sommeil.

"Nous avons utilisé un colorant pour rendre les vaisseaux sanguins du cerveau visibles sous une lumière fluorescente, en utilisant une technique connue sous le nom de microscopie à deux photons, détaille l'auteur principal de l'étude, le professeur Yu Hayashi. De cette manière, nous avons pu observer directement les globules rouges dans les capillaires du néocortex chez des souris non anesthésiées."

Les chercheurs ont également mesuré l'activité électrique du cerveau pour identifier le sommeil paradoxal, le sommeil non paradoxal et l'état d'éveil, et ont recherché les différences de flux sanguin entre ces phases. Les résultats ont montré que le flux massif de globules rouges dans les capillaires du cerveau se produisant pendant le sommeil paradoxal, et non durant le sommeil non paradoxal et l'état d'éveil.

Une future voie thérapeutique pour Alzheimer ?

L'équipe de recherche a ensuite perturbé le sommeil des souris pour observer si le flux sanguin se produisait pendant le sommeil paradoxal "de rebond", une forme plus forte de sommeil paradoxal pour compenser la perturbation antérieure. Cela a bien été le cas. Selon eux, cette modification du flux sanguin pendant le sommeil paradoxal est dû aux récepteurs A2a de l'adénosine. Il s’agit des récepteurs dont le blocage permet de se sentir plus éveillé après avoir bu du café.

Ils espèrent désormais que leurs recherches seront préliminaires à de futures études sur le rôle des récepteurs A2a de l'adénosine dans le développement de la maladie d’Alzheimer. En effet, la réduction du flux sanguin dans le cerveau et la diminution du sommeil paradoxal sont corrélées au développement de cette maladie neurodégénérative. "Il pourrait être intéressant de déterminer si l'augmentation du flux sanguin dans les capillaires cérébraux pendant le sommeil paradoxal est importante pour l'élimination des déchets du cerveau", expliquent-ils.