Épicentre de la pandémie de Covid-19, la ville de Wuhan, au cœur de la Chine, n’en a pas encore terminé avec cette maladie. Alors que les autorités locales viennent de confirmer que la métropole de 11 millions d’habitants était désormais confrontée une recrudescence des contaminations dues au variant Delta, une nouvelle étude menée auprès de 1 276 patients hospitalisés entre janvier et mai 2020 révèle que la persistance de symptômes douze mois après leur contamination au SARS-CoV-2. Elle vient de paraître dans The Lancet.
"Notre étude est la plus importante à ce jour pour évaluer les résultats de santé des survivants hospitalisés de la Covid-19 après 12 mois de maladie, explique le professeur Bin Cao, du Centre national de médecine respiratoire de l'Hôpital de l'amitié Chine-Japon. Si la plupart d'entre eux se sont bien rétablis, des problèmes de santé ont persisté chez certains patients, notamment ceux qui avaient été gravement malades pendant leur séjour à l'hôpital. Nos résultats suggèrent que le rétablissement de certains patients prendra plus d'un an, ce qui devrait être pris en compte lors de la planification de la prestation des services de santé post-pandémie."
Des symptômes qui persistent 12 mois après l’infection
Les patients étaient sortis de l'hôpital Jin Yin-tan de Wuhan, en Chine, entre le 7 janvier et le 29 mai 2020 après une infection à la Covid-19. Tous se sont pliés à des contrôles de leur de santé six puis douze mois après l’apparition des premiers symptômes.
Si de nombreux symptômes se sont résorbés avec le temps, 68 % des patients présentaient encore un symptôme six mois après leur infection, et 49 % douze mois après. La fatigue ou la faiblesse musculaire était le symptôme le plus fréquemment rapporté, avec environ la moitié des patients qui en souffraient à six mois (52 %), et 20 % douze mois après l’infection.
Les résultats ont aussi montré qu’environ une personne sur trois est toujours essoufflée six mois après l’apparition des symptômes. Des déficiences pulmonaires persistantes ont été observées à 12 mois chez 35,7 % des patients, notamment ceux ayant développé une forme grave de la Covid-19 (39 % des patients ayant eu besoin d’oxygène). Dans l'ensemble, les patients étaient en moins bonne santé que les personnes de la communauté au sens large qui n'avaient pas été infectées par le SARS-CoV-2.
Des répercussions sur la vie professionnelle et la santé mentale
Cette contamination à la Covid-19 et la persistance de certains symptômes a eu un impact non-négligeable sur la vie professionnelle et personnelle de certains patients. Si la majorité (88 %) a déclaré avoir retrouvé son emploi, ceux qui n’en ont pas eu la possibilité ont été 32 % à invoquer une diminution de leur fonction physique, 25 % à déclarer qu’ils n'étaient pas disposés à assumer leur rôle précédent. 18 % ont perdu leur emploi et sont au chômage.
La santé mentale des patients a aussi été impactée. Certains ont déclaré avoir souffert d'anxiété ou de dépression à un an qu'à six mois (23 % à 6 mois contre 26 % à 12 mois).
"Nous ne comprenons pas encore parfaitement pourquoi les symptômes psychiatriques sont légèrement plus fréquents à un an qu'à six mois chez les survivants de la Covid-19, admet Xiaoying Gu, l'un des auteurs de l'étude. Ils pourraient être causés par un processus biologique lié à l'infection virale elle-même, ou à la réponse immunitaire de l'organisme à cette infection. Elles pourraient aussi être liées à la réduction des contacts sociaux, à la solitude, au rétablissement incomplet de la santé physique ou à la perte d'emploi associée à la maladie. De grandes études à long terme sur les survivants du COVID-19 sont nécessaires pour que nous puissions mieux comprendre les conséquences à long terme du COVID-19 sur la santé physique et mentale", conclut-il.