Après un infarctus du myocarde, un premier épisode d'insuffisance cardiaque peut impacter le pronostic vital en faisant croître jusqu'à 50% le risque de décès à 5 ans. Le problème étant qu'une des conséquences délétères de l'infarctus est justement la dilatation du ventricule gauche avec une dégradation de la fraction d'éjection ventriculaire -celle qui assure la fonction "pompe" du coeur-, elle-même cause d'insuffisance cardiaque. Un espoir de sortir de ce cercle vicieux vient d'être présenté au congrès 2021 de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) avec l'étude Quorum qui souligne l'efficacité et la bonne tolérance de la molécule firibastat dans la prise en charge de l'insuffisance cardiaque après infarctus.
Quorum est une étude de phase II randomisée en double aveugle qui s'appuie sur 295 patients recrutés dans les 23 heures après un premier infarctus du myocarde. Elle a permis de comparer l'efficacité et la tolérance de firibastat à un traitement de référence -ramipril- dans la prévention de la dysfonction ventriculaire gauche après infarctus. Après 12 semaines de traitement, les trois groupes -firibastat 100mg, firibastat 500mg et ramipril 5mg- n'ont pas permis de conclure à des différences d'efficacité significatives, sauf un plus grand bénéfice de la nouvelle molécule pour les patients sévères. "Sur l'ensemble de la population étudiée, le firibastat à 100 ou à 500mg n'a pas démontré de supériorité par rapport au ramipril", souligne le Pr Gilles Montalescot, chef du service de cardiologie à la Pitié-Salpétrière qui a dirigé cette étude.
Une plus grande amélioration du profil tensionnel
Mais là où la molécule firibastat apporte une réelle amélioration dans la prise en charge des patients sévères, c'est par la nature de son action sur la tension artérielle, un facteur limitant dans l'utilisation de fortes doses pour traiter l'insuffisance cardiaque : ces doses peuvent en effet entraîner une trop forte baisse de la tension artérielle, ce qui ne se produit pas avec firibastat. Or l'atteinte de la dose cible est particulièrement importante en termes d'efficacité chez les patients sévères.
Une particularité liée à la nature de cette molécule fondée sur le mécanisme d'inhibition de l'Aminopeptidase A cérébrale (BAPAI), une approche innovante qui cible directement le cerveau et sur laquelle s'appuie la société biopharmaceutique Quantum Genomics pour développer de nouveaux traitements de l'hypertension artérielle compliquée et résistante. Firibastat agit ainsi en libérant au niveau du cerveau un inhibiteur spécifique et sélectif de l'Aminopeptidase A et empêche la production d'angiotensine dans le cerveau.
A la suite de la présentation de l'étude Qorum, l'objectif est désormais de passer à la phase 3 du développement de ce candidat-médicament. "Nous en attendons encore plus de bénéfice chez les patients à haut risque et encore plus de facilité pour les traiter", précise le Pr Montalescot.