Selon la Fédération française de cardiologie, 90 % des arrêts cardiaques chez l’adulte sont dus à une cause cardio-vasculaire, dont l’infarctus du myocarde. Le plus souvent, il s’agit d’une fibrillation ventriculaire, c’est-à-dire un trouble du rythme cardiaque correspondant à des contractions rapides, irrégulières et inefficaces des ventricules du cœur.
En cas d’arrêt cardiaque, les premières minutes sont primordiales pour augmenter les chances de survie. D’où l’importance de prodiguer les premiers soins sans tarder, à savoir la réanimation cardio-pulmonaire et la défibrillation.
Or, selon le Dr Sofia Schierbeck de l'hôpital universitaire Karolinska, à Stockholm (Suède), même en cas d’arrêt cardiaque, "les délais d'intervention des services médicaux d'urgence s'allongent et les gens ont rarement un défibrillateur externe automatisé (DEA) à la maison". "Nous pensons qu'il faut trouver de nouvelles façons de fournir des DEA pour augmenter les chances de survie de ces patients. C'est pourquoi nous avons réalisé la toute première étude sur la faisabilité de l'administration de DEA par drone à des patients suspectés d'arrêt cardiaque en dehors de l'hôpital", poursuit la médecin.
Des livraisons de défibrillateurs plus rapides
L’étude, présentée au congrès 2021 de la Société européenne de Cardiology (ESC 2021), souligne l’intérêt d’utiliser des drones pour livrer un DEA juste devant la porte des habitations, où la plupart des arrêts cardiaques se produisent. Elle a été menée près de Göteborg, à l’ouest du pays, dans l’espace aérien contrôlé d’un aéroport.
Lorqu’un arrêt cardiaque se produit en dehors de l’hôpital, la procédure habituelle est qu'un témoin appelle le numéro d'urgence, et le centre de répartition envoie une alarme aux ambulances qui se rendent alors aussi rapidement que possible sur les lieux.
Pour la recherche, trois drones ont été installés en complément à trois endroits différents, chacun ayant une portée de vol de 5 km de rayon. Lorsqu'un arrêt cardiaque présumé se produisait dans l'une de ces trois zones, le centre de dispatching envoyait également une alarme aux pilotes des drones.
De juin à septembre 2020, 14 cas d'arrêts cardiaques ont été inclus dans l’étude. Parmi ceux-ci, un drone a décollé dans 12 cas. Un DEA a été délivré avec succès sur place dans 11 (92 %) de ces cas. Dans 64 % des cas, le drone est arrivé avant l'ambulance avec un avantage temporel de 01,52 minute.
"Notre étude montre que ce système est non seulement possible mais qu'il peut être plus rapide qu'une ambulance", affirme le Dr Schierbeck. Toutefois, 39 arrêts cardiaques n’ont pu être inclus dans l'étude en raison de plusieurs facteurs tels que la pluie, un vent violent, des immeubles élevés et des zones interdites de vol.
Malgré ces contraintes, l’autrice de l’étude envisage d’étendre la livraison par drone à d’autres scénarios médicaux, comme la livraison d'épinéphrine aux patients souffrant de chocs anaphylactiques ou la livraison de glucose aux patients diabétiques souffrant d'hypoglycémie.