- Après une dizaine de mauvaises nuits, une semaine de récupération n'est pas suffisante pour retrouver ses performances d'avant la privation de sommeil.
- L'activité cérébrale est affaiblie en cas de privation de sommeil prolongée. Compenser par quelques nuits de sommeil réparateur permet seulement d'augmenter son temps de réaction.
Voici une étude qui devrait parler aux insomniaques ou aux parents de jeunes enfants adeptes des réveils très matinaux. Publiée dans la revue PLOS ONE, elle apporte des éléments de réponse sur la possibilité, ou non, de rattraper ses heures de sommeil en retard après plusieurs mauvaises nuits.
Selon ses auteurs, de l’université Jagiellonian de Cracovie, en Pologne, il faut au moins une semaine de récupération pour retrouver sa vitesse de réaction après une période de dix jours de sommeil insuffisant.
Des conséquences sur les capacités cognitives
Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe de recherche a mené une petite étude auprès de plusieurs adultes en bonne santé qui ont subi dix jours de restriction volontaire du sommeil suivis de sept jours de récupération sans restriction.
Les participants étaient équipés de capteurs au poignet pour surveiller leurs habitudes quotidiennes de sommeil et d'activité. Ils ont également subi une électroencéphalographie (EEG) quotidienne pour surveiller leur activité cérébrale, et ils ont répondu chaque jour à un questionnaire pour mesurer les temps de réaction et la précision.
Les résultats ont montré que même après sept jours de récupération, les participants n'avaient pas encore retrouvé leurs performances d'avant la privation de sommeil. C’est particulièrement le cas pour plusieurs mesures EEG de l'activité cérébrale, des schémas repos-activité captés par des capteurs au poignet et de la précision des tâches. Seuls leurs temps de réaction avaient retrouvé leur niveau de base.
Selon les auteurs, ces conclusions apportent un nouvel éclairage sur la récupération après une perte de sommeil chronique. Les recherches futures pourraient s'étendre à un plus grand nombre de participants, étudier des périodes de récupération plus longues et distinguer l'ordre dans lequel les différentes fonctions reviennent à la normale. "L'étude du processus de récupération après une période prolongée de restriction du sommeil révèle que les différences dans les réponses comportementales, motrices et neurophysiologiques se retrouvent à la fois à la perte de sommeil et à la récupération", notent-ils.
Les effets du manque de sommeil sur l’organisme
Les effets du manque de sommeil se font ressentir dès la première mauvaise nuit. Ce déficit est associé à un manque de concentration et à des difficultés de mémoire, à un risque accru d’accidents de voiture, à système immunitaire affaibli, à un sentiment de satiété moins développé et à une hausse de l’appétit.
À long terme, la privation de sommeil peut avoir des conséquences particulièrement néfastes pour la santé, aggravant le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), de certains cancer, de diabète et d’obésité.