En février 2010, la France a été le premier pays au monde à ne plus considérer le transsexualisme comme une maladie mentale. Le ministère de la Santé de l’époque, représenté par Roselyne Bachelot, avait alors publié un décret au Journal officiel qui retirait “les troubles précoces de l’identité de genre” de la liste des affections psychiatriques. Une personne transgenre - ou trans - peut être définie comme un individu dont l’expression du genre et/ou de l’identité de genre ne correspond pas au système binaire homme/femme. Certains ont un genre tiers, d’autres ne s’identifient à aucun genre ou, à l’inverse, à plusieurs. Quand les transgenres veulent d’éloigner physiquement de leur genre de naissance, ils peuvent prendre des traitements hormonaux afin d’avoir, par exemple, plus de caractéristiques masculines - barbe, poils à certains endroits, etc. - pour une femme et inversement pour les hommes.
Le suicide : parmi les premières causes de mortalité chez les hommes transgenres
Selon une étude publiée dans la revue The Lancet Diabetes & Endocrinology, le risque de mortalité chez les personnes transgenres serait deux fois plus élevé que chez celles cisgenres, c’est-à-dire les individus dont le genre correspond au sexe avec lequel ils sont nés. Pour parvenir à ce résultat, les auteurs ont étudié les données de 4 568 individus - 2 927 femmes transgenres et 1 641 hommes transgenres - qui recevaient un traitement hormonal aux Pays-Bas entre 1972 et 2018, soit une période de près de 50 ans. Selon leurs conclusions, les femmes transgenres seraient plus susceptibles de mourir de maladies cardiovasculaires (notamment les crises cardiaques) ou liées au VIH, de cancer du poumon ou encore par suicide. Chez les hommes transgenres, les premières causes de mortalité sont le suicide et d’autres causes non naturelles non précisées dans l’étude. En revanche, la prise de traitement hormonaux n’a aucun lien avec une mortalité accrue. “Le traitement hormonal affirmant le genre est considéré comme sûr et la plupart des causes de décès dans la cohorte n'étaient pas liées à cela, affirme Martin den Heijer, l’un des auteurs. Cependant, comme les preuves sont actuellement insuffisantes pour déterminer leur sécurité à long terme, des recherches supplémentaires seront nécessaires pour établir avec certitude leur impact, de quelque manière que ce soit, sur le risque de mortalité pour les personnes transgenres ».
Un risque de mortalité élevé chez les personnes transgenres qui persiste depuis des décennies
« Les résultats de notre vaste étude nationale mettent en évidence un risque de mortalité considérablement accru chez les personnes transgenres qui persiste depuis des décennies, estime Martin den Heijer. Une meilleure acceptation sociale, ainsi que la surveillance et le traitement des maladies cardiovasculaires, du tabagisme et du VIH continueront d'être des facteurs importants pouvant contribuer à réduire le risque de mortalité chez les personnes transgenres ». L'âge moyen au début du traitement hormonal des personnes transgenres dont les données ont été étudiées par les chercheurs était de 30 ans chez les femmes transgenres et de 23 ans chez les hommes transgenres, avec une durée moyenne de suivi qui était respectivement de onze ans et de cinq ans. Au total, au cours du suivi, 10,8 % des femmes transgenres - soit 317 - et 2,7 % des hommes transgenres - soit 44 - sont décédés. La mortalité globale était donc de 628 décès pour 100 000 personnes par an.
« La plupart des suicides et des décès liés au VIH se sont produits au cours des premières décennies »
Selon les auteurs, le risque de mortalité était presque deux fois plus élevé chez les femmes transgenres par rapport aux hommes cisgenres et près de trois fois plus élevé comparativement aux femmes cisgenres. Chez les hommes transgenres, le risque était similaire à celui des hommes cisgenres mais presque le double par rapport à celui des femmes cisgenres. « Nous avons constaté que la plupart des suicides et des décès liés au VIH se sont produits au cours des premières décennies que nous avons étudiées, ce qui suggère qu'une plus grande acceptation sociale et une amélioration des traitements pour le VIH qui peuvent avoir joué un rôle important dans la réduction des décès liés à ces causes chez les personnes transgenres ces dernières années », souligne Christel de Blok, l’un des auteurs. Néanmoins, certaines limites nuancent les résultats de cette étude. Tout d’abord, certains facteurs de risques ayant pu jouer sur la mortalité ont pu ne pas être pris en compte. D’autre part, comme il y avait peu de décès sur la période étudiée, l’analyse des causes est, de fait, restreinte.
Les bisexuels ont plus de risques de souffrir d’asthme
Une autre étude, publiée récemment dans la revue Annals of the American Thoracic Society, estime par ailleurs que les adultes américains bisexuels seraient deux fois plus à risque de souffrir d’asthme que ceux hétérosexuels. Dans le détail, 29% des premiers ont déclaré souffrir d’une maladie pulmonaire contre 14 % pour les autres. Pour parvenir à ce résultat, les auteurs ont analysé les données de 12 209 personnes. "Des niveaux plus élevés de discrimination subis par les personnes bisexuelles pourraient entraîner plus de stress (...) ce qui aggraverait l'asthme", explique Jason Nagata, l’un des auteurs. Il a été démontré que les adultes bisexuels ont de moins bons résultats en matière de santé, aussi bien physique que mentale, et nous montrons, avec cette étude, également des différences pour l'asthme et d'autres maladies pulmonaires”. Ces travaux ont aussi révélé que les personnes qui s'identifiaient comme principalement hétérosexuelles avaient des taux d'asthme plus élevés que celles qui se présentaient comme exclusivement hétérosexuelles. "Les professionnels de la santé, les travailleurs sociaux et les cliniciens doivent être conscients de ces disparités d'orientation sexuelle, souligne Kyle T. Ganson, l’un des auteurs. Il est nécessaire de fournir des soins appropriés et adaptés pour remédier à ces disparités”.