Le cannabis est légal depuis 2018 au Canada. Il est possible d’en consommer aussi bien pour ses vertus récréatives que médicales. Pour les scientifiques canadiens, la substance soulève encore de nombreuses interrogations. Une équipe de l’université de Toronto a souhaité en savoir plus sur ses conséquences cardiovasculaires. "Avec la légalisation et la décriminalisation récentes, la consommation de cannabis augmente chez les jeunes adultes en Amérique du Nord, souligne Dr Karim Ladha, clinicien-chercheur au sein de Unity Health Toronto, et nous ne connaissons pas pleinement ses effets sur la santé cardiovasculaire." Dans Canadian Medical Association Journal, le scientifique et ses collègues publient les résultats de leur étude sur le sujet.
Les hommes, principaux consommateurs
Les chercheurs se sont basés sur les données d'une enquête menée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis auprès de plus de 33 000 adultes âgés de 18 à 44 ans. Sur l’ensemble des participants, 17 % ont déclaré avoir consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours. Une crise cardiaque a été signalée chez 1,3 % consommateurs de cannabis et 0,8 % non-consommateurs. L’étude des réponses a permis aux scientifiques d’en savoir plus sur le profil des consommateurs : il s’agissait plus fréquemment d’hommes, consommant du tabac et/ou des cigarettes électroniques, et buvant régulièrement. Ces éléments sont considérés comme des facteurs de risque cardiovasculaire, mais les chercheur les ont ajustés dans l’analyse afin que seul l’effet du cannabis soit pris en compte.
Des risques démultipliés
Les données étudiées ont permis aux chercheurs de constater que les adultes de moins de 45 ans, ayant récemment consommé du cannabis, ont deux fois plus de risque de faire un infarctus du myocarde, en comparaison aux non-consommateurs. Les consommateurs occasionnels ont un risque 1,5 fois plus élevé, toujours par rapport aux non-consommateurs. Les scientifiques observent que toutes les méthodes de consommation du cannabis sont à risque : fumer, vapoter ou toute autre technique, dont l’ingestion. "Cela suggère qu'aucune méthode de consommation n'est plus sûre qu'une autre à cet égard", précise le Dr Karim Ladha.
Améliorer la prévention ?
Pour l’auteur principal de cette étude, les jeunes adultes, les médecins et tous les professionnels de santé doivent prendre en compte cette corrélation entre cannabis et risque cardiovasculaire. "En tant que jeune adulte, il est important d'être conscient des risques associés à la consommation de cannabis, en particulier dans le climat actuel où nous sommes exposés à une multitude de fausses informations et de recommandations de santé non fondées sur des preuves", ajoute Nikhil Mistry, co-auteur. Selon l'observatoire français des drogues et des toxicomanies, 44,8 % des adultes âgés de 18 à 64 ans déclaraient avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie en 2017, contre 42,0 % en 2014.