La respiration devient difficile, puis sifflante. Parfois, elle est accompagnée de quintes de toux. Tels sont les symptômes d’une crise d’asthme, quatre millions de personnes en subissent fréquemment en France. Ces épisodes de crise sont généralement plus fréquents pendant la nuit. Des chercheurs américains ont étudié ce phénomène afin de comprendre l’influence du rythme circadien, notre rythme biologique partagé entre des phases de sommeil et d’éveil, sur l’asthme. Les résultats de leurs travaux sont parus dans The Proceedings of the National Academy of Sciences.
Deux protocoles pour observer les effets du rythme circadien
Pour observer l'influence du rythme circadien sur l’asthme, en écartant celle du sommeil et d'autres facteurs comportementaux et environnementaux, les chercheurs ont recruté 17 personnes asthmatiques. Aucune d’elle n’était traitée par des médicaments stéroïdiens, en revanche, elles utilisaient des inhalateurs bronchodilatateurs chaque fois qu’elles ressentaient une aggravation de leurs symptômes. Deux protocoles ont été mis en place : le premier s’appelait la "routine constante", les participants ont passé 38 heures éveillés en continu, dans une posture fixe et dans des conditions de faible luminosité, avec des collations identiques toutes les deux heures. L’objectif de ce protocole était d’éliminer tous les autres facteurs ayant une influence potentielle sur l’asthme, dont le sommeil. Dans le second, le protocole de "désynchronisation forcée", les participants ont été placés sur un cycle veille/sommeil récurrent de 28 heures pendant une semaine dans des conditions de faible luminosité.
Une combinaison de facteurs
Selon les chercheurs, la survenue des crises d’asthme la nuit serait le résultat de plusieurs facteurs. "Nous avons remarqué que les personnes qui ont l’asthme le plus grave sont celles qui ont les plus grands dérèglements de la fonction pulmonaire, à cause du rythme circadien", souligne Steven A. Shea, l’un des auteurs de cette étude. Leur recherche a aussi permis de quantifier l’utilisation des inhalateurs bronchodilatateurs : les personnes asthmatiques les utilisent quatre fois plus la nuit, en comparaison à la journée. Pour les auteurs, ces résultats pourraient amener à la création de nouveaux traitements, capables d’agir sur le rythme circadien ou de mieux le suivre, pour réduire le risque de crises. Il pourrait s’agir d’exposition chronométrée à la lumière ou à des prises de médicament déterminées en fonction de l’heure, pour réduire les effets secondaires et respecter le rythme circadien.