Selon la dernière enquête Odoxa pour la Ligue contre l’obésité, l’obésité progresse en France, touchant 17 % des Français, dont 6 % des enfants âgés de 8 à 17 ans. Outre l’aggravation du risque de développer des pathologies comme le diabète de type 2 ou des maladies cardiovasculaires, le surpoids ou l’obésité peut aussi minimiser l’efficacité de certains traitements. C’est le cas pour l’asthme infantile.
Alors qu’en France, on estime que près d’un enfant sur dix souffre de cette pathologie caractérisée par des difficultés respiratoires, une nouvelle étude présentée au congrès international virtuel de l’European Respiratory Society montre qu’un indice de masse corporelle (IMC) élevé est corrélé à une moindre efficacité des corticostéroïdes inhalés (CSI).
"Nous savons que les enfants asthmatiques, dont les symptômes sont mal contrôlés, ont tendance à prendre du poids. Cela est peut-être dû au fait qu'ils font moins d'exercice. Les enfants asthmatiques en surpoids ou obèses sont plus susceptibles de présenter des symptômes plus graves malgré le traitement recommandé par les corticostéroïdes inhalés, ce qui rend non seulement difficile l'atteinte d'un poids santé, mais aussi l'amélioration de leur qualité de vie", explique le Dr Cristina Longo, qui a mené les recherches. Selon elle, les directives de traitement recommandant des stéroïdes pour les enfants asthmatiques dont l’IMC est supérieur à la normale "mérite d’être révisée", "d’autant plus que 30 % des enfants asthmatiques sont également obèses".
Une corrélation entre IMC élevé et mauvaise réponses aux stéroïdes inhalés
Pour parvenir à cette conclusion, la chercheuse et ses collègues ont utilisé des données sur 1 511 enfants asthmatiques, âgés de 2 à 16 ans, provenant de cinq études. Tous les enfants prenaient des corticostéroïdes inhalés. Des informations sur les patients ont été recueillis, notamment l’âge, le sexe, le diagnostic d'asthme, les caractéristiques de l'asthme, l'IMC, les allergies, ou encore l'exposition à des déclencheurs environnementaux nocifs comme le tabac. Des variantes génétiques liées au statut de l'IMC ont aussi été identifiées à partir de l'ADN extrait d'échantillons de sang, de salive ou d'écouvillons nasaux. Avec l’ensemble de ces données, les chercheurs ont mis au point un "score de risque" : plus un enfant présentait de variantes génétiques liées à l'IMC, plus son score était élevé.
Ce score de risque génétique a ensuite été utilisé pour prédire les augmentations et les diminutions des z-scores de l'IMC des enfants. Le score z de l'IMC permet d'estimer dans quelle mesure et dans quelle direction l'IMC de chaque enfant s'écarte de la valeur moyenne "normale" pour un enfant du même âge et du même sexe qui grandit à un rythme sain. Un score z de l'IMC supérieur à 1 indique que l'enfant risque d'être en surpoids, un score supérieur à 2 indique que l'enfant est en surpoids et un score supérieur à 3 indique que l'enfant est obèse.
Chez les 1 511 enfants asthmatiques qui prenaient des corticoïdes inhalés, le score z moyen de l'IMC était de 0,69 et 318 (21 %) étaient obèses. Selon le Dr Longo, "bien que la réponse médiocre aux CSI ait varié de 20 à 80 % entre les cinq études internationales, nous montrons systématiquement que la proportion d'enfants ayant une réponse médiocre aux CSI a plus que doublé pour chaque augmentation d'une unité du score z de l'IMC".
Pour une approche personnalisée de l’asthme infantile pour les enfants obèses
Pour le Dr Longo, ces résultats montrent que les cliniciens "doivent adopter une approche plus personnalisée pour traiter les enfants en surpoids et obèses". "Les pédiatres et les spécialistes de l'asthme doivent être conscients que les enfants ayant un IMC plus élevé pourraient prendre des CSI sans en tirer aucun avantage. Cependant, il reste à déterminer si les traitements alternatifs, comme les produits biologiques, sont plus efficaces dans ce sous-groupe d'enfants", poursuit la chercheuse, qui estime également que ces résultats "pourraient également servir de catalyseur pour inciter les parents et leurs enfants à modifier leur régime alimentaire et à faire plus d'exercice. Cela pourrait améliorer le statut de l'IMC de l'enfant et sa réponse aux stéroïdes inhalés".