- Parmi les 3 500 emoji existants, 45 sont dédiés à la médecine : une seringue, un stétoscope, un os...
- Des médecins plaident aujourd'hui pour la généralisation de leur utilisation dans le cadre médical afin de mieux communiquer avec les patients sur leurs symptômes, leurs émotions ou la douleur qu'ils ressentent.
Un visage jaune rieur, un autre en colère, un autre avec des cœurs à la place des yeux… Ces emoji, tout le monde les connaît. Nés au Japon il y a plus de dix ans, ces caractères imagés (la signification du mot "emoji") sont désormais présents dans presque chaque discussion en ligne et sur les réseaux sociaux : 5 milliards d'entre eux sont utilisés quotidiennement sur Facebook et Facebook Messenger uniquement.
Mais au-delà de leur aspect ludique, ces emoji pourraient aussi devenir un véritable outil de communication entre les médecins et leurs patients. C’est en tout cas ce qu’estiment des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH). Dans un commentaire publié dans le Journal of the American Medical Association (JAMA), ils plaident pour que chaque discipline médicale créé et adopte de son propre ensemble unique d'iconographie pour mieux prendre en compte les besoins des patients.
"La nécessité d'écouter les patients est au cœur de notre mission en tant que médecins, et l'utilisation des emoji est une excellente occasion de porter la communication à un autre niveau, explique le médecin urgentiste et auteur principal Shuhan He. Les emoji pourraient être particulièrement importants pour traiter les enfants dont les compétences linguistiques sont encore en développement, les personnes souffrant de handicaps qui altèrent leur capacité à communiquer, et les nombreux patients qui parlent une autre langue."
45 emoji médicaux pour mieux communiquer par l’image
Il existe aujourd’hui environ 3 500 emoji répertoriés par le Consortium Unicode, mais seuls environ 45 emoji peuvent être considérés comme pertinents pour la médecine. Les premiers, introduits en 2015, étaient la seringue et la pilule. En 2017, Apple a ajouté des emoji pour représenter les personnes handicapées, suivis des symboles du stéthoscope, de l'os, de la dent et du microbe en 2019. En 2020, ont été introduits les emoji du cœur anatomique et du poumon.
"Il est tentant de considérer les emoji comme une mode du millénaire, mais ils possèdent le pouvoir de la normalisation, de l'universalité et de la familiarité et, entre les mains des médecins et des autres prestataires de soins de santé, ils pourraient représenter un nouveau moyen très efficace de communiquer par l'image avec les patients", affirme le Dr He.
Par exemple, dans les situations d'urgence médicale où le temps est compté, les emoji pourraient permettre une forme de communication "pointer et appuyer" qui faciliterait les décisions cliniques importantes. Ces symboles pourraient également servir d'annotations aux instructions de sortie d'hôpital, qui sont souvent déroutantes, voire incompréhensibles, pour certains patients.
En outre, ajoute le chercheur, la croissance récente de la télémédecine pourrait être une riche occasion pour les emoji de faire des percées dans le domaine médical, en permettant aux patients de transmettre aux professionnels de santé des informations sur l’intensité de la douleur qu’ils ressentent.
Le Dr Shuhan He poursuit ses recherches sur les emoji. Il souhaiterait désormais ajouter 15 autres emoji en lien avec la médecine pour aider les patients et les médecins à communiquer sur la mobilité, l'humeur, la durée et la qualité de la douleur. "Il est clair que les emoji font désormais partie de la conversation globale et générale, et que les sociétés médicales et les comités et organisations de médecins doivent les prendre au sérieux. Ce qui signifie qu'ils devraient déterminer dès maintenant quels emoji serviraient le mieux les intérêts de leurs patients, établir un consensus autour de l'exactitude médicale de ces emoji, puis s'efforcer de les faire approuver par l'organisme mondial de normalisation et travailler au long processus d'adaptation et de mise en œuvre", conclut-il.