Depuis le début de la crise sanitaire, l’immunité collective est présentée comme la lumière au bout du tunnel, l’objectif vers lequel tendre pour sortir de l’épidémie. Ces derniers mois, en raison notamment du virus Delta et de sa forte contagiosité, cette option apparaît de plus en plus compliquée à atteindre. Mi-août, Alain Fischer, le président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, a ainsi convenu que l’immunité collective est “devenue un challenge très ambitieux”.
Transformer le pass sanitaire en pass vaccinal
Ce mercredi, l’Académie de médecine est revenue à la charge et appelle à “ne pas renoncer” à cet objectif, dans un communiqué. Le risque, souligne-t-elle, est de renforcer “l’hésitation vaccinale chez les indécis” et de permettre “aux mouvements anti-vaccination de renouveler un argumentaire défraîchi”. Pour les médecins, l'épidémie prendra tôt ou tard fin avec une immunité collective qui pourra être soit post-infectieuse soit post-vaccinale. “La différence entre les deux stratégies se comptera en années de crise sanitaire et en centaines de milliers de morts”, écrit-elle pour inciter les indécis à se faire vacciner.
L’immunité collective correspond à une situation où une importante part de la population est immunisée contre une infection amenant de fait à l’extinction de l’épidémie. Avec le variant Delta, certains scientifiques jugent cette immunité atteignable à l’unique condition qu’au moins 90% de la population soit protégée contre de nouvelles infections. Or, le vaccin n'immunise pas complètement car, même s'il y a beaucoup moins de chances d'attraper la maladie une fois vaccinée, cela reste encore possible. Il est donc probable qu’il faille atteindre une part encore plus importante de vaccination dans la population pour l’atteindre.
Pour y arriver, l’Académie plaide pour remplacer le pass sanitaire par un pass vaccinal. Elle se dit également favorable à “évaluer, dès l’autorisation des vaccins de seconde génération, l’avantage de les administrer comme rappels pour mieux prévenir la transmission”.
Un arrêt de travail sur deux causé par la Covid
En attendant l’immunité, le virus continue de circuler et de perturber la vie des salariés. Entre janvier et mai, la Covid-19 est devenue la première cause des arrêts de travail jusqu’à en causer près d’un sur deux (46%). Globalement, le nombre de salariés ayant eu au moins un arrêt de travail a augmenté de trois points (+30 %) sur la période étudiée, “passant de 10 % des salariés en janvier à 13 % en mai”, précise Malakoff Humanis qui a réalisé le sondage. En avril dernier, le pic a été atteint avec 52 % des arrêts de travail liés au Covid-19.
Derrière le coronavirus, les accidents ou traumatismes (21%) ont constitué le principal motif d’arrêt maladie. Viennent ensuite les troubles psychologiques (dépression, anxiété, stress) et épuisement professionnel ou burn-out, qui représentent ensemble 19% des arrêts. Les maladies graves ont entraîné 12% des arrêts, tout comme les troubles musculosquelettiques.
Les jeunes, de plus en plus présents à l’hôpital
À l’hôpital, avec le variant Delta, la donne a changé pour les jeunes adultes. S’ils ont moins de risque de développer une forme grave de Covid-19, ils sont, une fois hospitalisés, autant susceptibles de souffrir de complications que les plus de 50 ans. “Il ne s'agit pas seulement d'une maladie des personnes âgées et fragiles”, rappelle le professeur Calum Semple, épidémiologiste et auteur de l’étude parue le 17 juillet dernier dans The Lancet. Avec son équipe de chercheurs, il a examiné 73 197 adultes de tout âge dans 302 hôpitaux britanniques lors de la première vague de Covid en 2020, avant que les vaccins ne soient disponibles et que les nouveaux variants ne soient détectés.
Les résultats ont révélé qu’environ la moitié des patients adultes ont souffert d'au moins une complication au cours de leur séjour à l'hôpital, la plus courante étant une lésion rénale, suivie de lésions pulmonaires et cardiaques. Les plus de 50 ans sont 51% à avoir déclarer au moins un problème. Pour les 30-39 ans, ce chiffre s’élève à 37%. Celui-ci grimpe à 44% chez les 40-49 ans. Chez les 19-49 ans, 4 personnes sur 10 ont développé des problèmes de reins, de poumons ou d'autres organes pendant le traitement.
“Les données renforcent le fait que Covid n'est pas une grippe et nous voyons même de jeunes adultes arriver à l'hôpital avec des complications importantes, dont certaines nécessitent une surveillance plus poussée et potentiellement un traitement supplémentaire à l'avenir”, insiste Calum Semple. La recherche a montré que 13% des 19 à 29 ans et 17% des 30 à 39 ans hospitalisés avec Covid n'étaient pas capables de se gérer seuls à leur sortie de l'hôpital et devaient compter sur leurs proches.