- Les chercheurs ont étudié chez 2 millions de Danois l'association entre l'exposition résidentielle à long terme au bruit du trafic routier et ferroviaire et le risque de démence pendant une moyenne de 8,5 ans.
- Ils ont constaté qu'une exposition quotidienne au bruit routier fort augmentait jusqu'à 27 % le risque de développer la maladie d'Alzheimer. Ce risque est aussi plus grand de 24 % avec une exposition au bruit des trains.
Le bourdonnement incessant du trafic routier, le bruit des trains passant non loin des habitations ou encore le vrombissement des avions qui atterrissent et qui décollent… Lorsqu’elles sont répétées et quotidiennes, ces nuisances sonores peuvent avoir des conséquences nettes sur la qualité de vie, mais aussi sur la santé. Plusieurs études l’ont précédemment démontré, montrant leur impact néfaste sur l’audition et la santé cardiovasculaire, et leur corrélation avec le risque d’obésité et de diabète.
Mais jusqu’ici, il existait peu de données scientifiques fiables sur le lien entre le bruit des transports et le risque de démence. C’est désormais chose faite avec cette nouvelle étude publiée dans le British Medical Journal. Selon ses auteurs, pas moins de 1 216 des 8 475 cas de démence enregistrés au Danemark en 2017 pourraient être attribués à la pollution sonore occasionnée par les voitures et les trains.
Un risque d’Alzheimer jusqu’à 27 % plus élevé
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié l'association entre l'exposition résidentielle à long terme au bruit du trafic routier et ferroviaire et le risque de démence chez deux millions d'adultes âgés de plus de 60 ans et vivant au Danemark entre 2004 et 2017.
Pour cela, ils ont utilisé les données provenant des registres de santé nationaux où sont identifiés les cas de démence (maladie d'Alzheimer, démence vasculaire et démence liée à la maladie de Parkinson) sur une moyenne de 8,5 ans. Au total, 103 500 nouveaux cas de démence ont été répertoriés au cours de la période d'étude.
Après avoir pris en compte d’autres facteurs, les chercheurs ont constaté qu'une exposition moyenne sur 10 ans au bruit de la circulation routière et des chemins de fer était associée à un risque plus élevé de démence, toutes causes confondues.
Plus en détail, la pollution sonore occasionnée par les voitures et les trains est associée à un risque jusqu’à 27 % plus élevé pour la maladie d’Alzheimer lorsque l’exposition au bruit de la circulation routière est supérieure à 55 dB. Le risque d’Alzheimer est jusqu’à 24 % plus élevé pour une exposition au bruit ferroviaire de 50 dB par rapport à une exposition inférieure à 40 dB.
En revanche, seul le bruit de la circulation routière était associé à un risque accru de démence vasculaire, et non le bruit ferroviaire.
Comment le bruit détraque la santé
Bien qu’il s’agisse d’une étude d’observation, les auteurs avance que cette exposition au bruit libère des hormones de stress et perturbe le sommeil, ce qui peut entraîner une maladie coronarienne, des changements dans le système immunitaire et une inflammation. Or, tous ces éléments étant considérés comme des événements précoces dans l'apparition de la démence et de la maladie d'Alzheimer.
"Si ces résultats sont confirmés dans de futures études, ils pourraient avoir un effet important sur l'estimation de la charge de morbidité et des coûts de santé attribués au bruit des transports. Il est essentiel d'élargir nos connaissances sur les effets nocifs du bruit sur la santé pour établir des priorités et mettre en œuvre des politiques et des stratégies de santé publique efficaces axées sur la prévention et le contrôle des maladies, y compris la démence", concluent les chercheurs.