Pour lutter plus efficacement contre la douleur, la découverte de chercheurs Français vient d’ouvrir la voie vers la production d’opioïdes sans effets secondaires.
Le récepteur mu
Très efficaces contre la douleur, les médicaments opioïdes sont aussi extrêmement addictifs, et finissent par être consommés comme une drogue par certains patients (qui finissent par mourir d’overdose). "Leur cible principale impliquée dans la réduction de la douleur et qui provoque les effets secondaires est le récepteur opioïde de type mu", expliquent les scientifiques en préambule.
Dans une nouvelle étude, des chercheurs et chercheuses de l’Inserm, du CNRS et de l’Université de Montpellier à l’Institut de génomique fonctionnelle ont justement identifié, au sein du récepteur mu, les rouages moléculaires à l’origine des voies de signalisation impliquées dans la réduction de la douleur. "Ils ont ainsi pu décrire dans les moindres détails la manière dont le récepteur mu-opioïdes répond aux analgésiques, pour identifier le "bouton" anti-douleur spécifique de ce récepteur", détaille l’Inserm.
Les implications thérapeutiques de ces travaux, publiés dans dans la revue Molecular Cell, sont potentiellement très importantes. "Mieux comprendre les mécanismes sous-jacents à l’inhibition ou à l’activation des voies de signalisation et identifier de manière plus précise l’endroit du récepteur sur lequel agissent les médicaments opioïdes est une grande avancée pour permettre à terme de développer des nouvelles molécules plus ciblées, activant seulement les voies qui nous intéressent, sans effets secondaires", souligne le chercheur Inserm Rémy Sounier, qui a co-dirigé cette étude.
Crise sanitaire
Les scientifiques vont désormais poursuivre leurs recherches pour déterminer si les mécanismes identifiés sont universels. Ils souhaitent également utiliser les nouvelles connaissances acquises pour développer de nouvelles molécules opioïdes qui pourraient avoir un intérêt thérapeutique avec des effets secondaires minimes.
En 2019, les analgésiques opioïdes ont été responsables de plus de 70 000 décès aux États-Unis, qui parlent désormais d’une grave crise sanitaire. En Europe et notamment en France, le phénomène est beaucoup moins massif, mais suscite également des inquiétudes.