Selon la Fédération pour la recherche sur le cerveau, le cerveau de mammifère contient entre 100 millions et 100 milliards de neurones en fonction de l’espèce. Pour l’homme, ce chiffre est estimé entre 86 et 100 milliards. Les neurones sont des cellules spécialisées, chargées de transmettre de l’information à d’autres cellules. Mais, d’autres types cellulaires existent dans notre boîte crânienne, comme les cellules gliales, qui ont un important rôle car elles nettoient les débris cellulaires et transportent les nutriments aux neurones ou les microglies, des cellules immunitaires. Des chercheurs viennent de découvrir, pour la première fois, une interaction entre les neurones et les microglies. Leurs travaux ont été publiés dans la revue Nature Communications.
Cinq éléments essentiels à la transmission du message nerveux
Pour comprendre cette découverte, il faut au préalable bien comprendre comment se fait la transmission d’un message nerveux. Ce sont les neurones qui l'envoient. Celui-ci passe d’abord par les axones (le prolongement des neurones) qui sont entourés de myéline, une sorte de membrane protectrice. La myéline isole et protège les fibres nerveuses du cerveau et elle est essentielle au système nerveux central et périphérique, notamment pour la conduction des messages nerveux. Il y a ensuite les nœuds de Ranvier, situés entre les segments de myéline. Ils jouent un rôle clé dans la diffusion rapide de l’information.
En résumé, il y a donc quatre éléments indispensables à la transmission d’un message nerveux : le neurone, l’axone, la myéline et les nœuds de Ranvier. Les chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et de Sorbonne Université viennent d’en découvrir une cinquième cellule impliquée dans ce processus : les microglies. Il s’agit de cellules immunitaires qui protègent le cerveau et son impliquées dans des processus régénératifs comme la remyélinisation, c’est-à-dire la production de myéline, qui diminue dans des pathologies comme la sclérose en plaques. Selon les scientifiques, les contacts entre les neurones et les microglies se feraient au niveau des nœuds de Ranvier.
Une découverte importante pour mieux comprendre la sclérose en plaque
Pour parvenir à ce résultat, des travaux ont été menés sur des souris et des tissus humains. Ils ont ainsi observé des interactions entre les neurones et les microglies. Celles-ci étaient particulièrement importantes lors de la régénération de la myéline. Selon eux, “c’est l’activité neuronale qui est le médiateur de l’interaction et la renforce. Les microglies sont capables de “lire” l’information qui arrive au niveau des nœuds de Ranvier sous la forme de signal ionique, modulant ainsi leur état et leur interaction avec le neurone. Une altération de ce signal ionique peut maintenir les microglies dans un état pro-inflammatoire, les empêchant de jouer leur rôle pro-régénératif et pro-remyélinisant”.
Autrement dit, lorsque les microglies ne remplissent plus leur rôle régénératif, cela pourrait être dû à cette interaction avec les neurones. Cette découverte est particulièrement importante pour les recherches futures sur la maladie de la sclérose en plaques. Elle pourrait permettre de mieux comprendre cette pathologie et peut-être, à terme, de développer de nouveaux traitements qui joueraient sur les microglies pour augmenter leur rôle pro-régénératif.