Selon un nouveau sondage, la sexualité des femmes atteintes d’un cancer du sein est lourdement impactée par la maladie. Pourtant, ce sujet reste largement tabou et peu pris en charge.
Repenser la sexualité
55% des femmes luttant contre un cancer du sein disent souffrir de sécheresses vaginales, et 74% connaissent une baisse de libido. Cette diminution du désir sexuel s’explique par plusieurs facteurs, comme le fait d’éprouver une plus grande fatigue au quotidien (74% des malades concernées), de souffrir de troubles anxio-dépressifs (20% des sondées), d’avoir une image de soi dégradée par la perte des cheveux et la mastectomie (65%) ou encore de ressentir une baisse de l’estime de soi (50%).
Confrontée à la maladie, 56,8% des femmes confient aussi avoir dû repenser leur sexualité : plus de tendresse, besoin de massages, utilisation de lubrifiants, rester habillée pour se sentir moins génées, augmenter les échanges dans le couple, développer la sexualité orale, repenser les positions, explorer une nouvelle communication dans le couple…
Pourtant, 71% des sondées affirment n’avoir pas été prévenues du tout quant aux impacts du cancer sur leur sexualité. Sur les 29% restant : 13,8% ont reçu cette information de leur oncologue, 8,6% des infirmières, 5, 2% de leur gynécologue, 3,4% de leur chirurgien, et 1,7% de leur médecin traitant. Pour 31% de l’échantillon, communiquer sur la sexualité dans le couple s’est aussi révélé compliqué.
Des choses enfouies ou mises de côté
Au terme de cette étude, il ressort également que :
- des difficultés de communication qui existaient dans le couple depuis longtemps et qui avaient été mises sous le tapis avant le cancer peuvent prendre des proportions majeures une fois le cancer présent.
- Les malades sont confronté(e)s à des problématiques empathiques : il est difficile pour les partenaires de se mettre à la place de leurs conjoint(e)s et de ressentir le vécu de la maladie, les douleurs subies et la transformation corporelle.
- Le cancer fait souvent émerger des choses enfouies ou mises de côté (honte, pudeur, diversification de l’orientation sexuelle, désir de divorce ou de séparation…).
Pour un vrai parcours sexualité
"À l’heure où le sujet de la sexualité semble être de moins en moins tabou pour les femmes, aussi bien dans leurs conversations que dans les médias, il est étonnant de constater que lorsque la maladie est là, cet aspect pourtant fondamental de l’équilibre est passé sous silence", s’étonnent les autrices du sondage, Célia Charpentier et Isabelle Faure-Kandel, psychopraticiennes. "Il est primordial de mettre en place un vrai parcours sexualité pour les malades", estiment-elles. Les deux professionnelles de santé recommandent également qu’une information sur la sexualité soit intégrée dans le protocole de soins de façon systématique par le corps médical.