Mieux comprendre l’épuisement du système immunitaire pour soigner les cancers et les infections chroniques. C’est ce que viennent de faire des enseignants-chercheurs de l’Inserm et de l’université de Paris, en collaboration avec des équipes de l’université de Harvard (États-Unis).
Les mécanismes d’épuisement
Les infections chroniques et les cancers induisent un épuisement fonctionnel des lymphocytes T, des cellules clés du système immunitaire. En présence de la maladie, ceux-ci ne sont alors plus en mesure d’assurer correctement leur fonction. "La revitalisation des lymphocytes T épuisés est un enjeu thérapeutique majeure", explique l’Inserm dans un communiqué.
La nouvelle étude menée par le chercheur Inserm Pierre Tonnerre s’est donc intéressée aux mécanismes d’épuisement des lymphocytes T dans le contexte d’une infection par le virus de l’hépatite C. L’hépatite C est aujourd’hui la seule infection virale chronique dont il est possible de guérir complètement grâce aux antiviraux à action directe (AAD).
L’équipe a d’abord observé que, suite aux 12 semaines de thérapies, chez les patients guéris, les lymphocytes T semblent se différencier et acquérir les caractéristiques de lymphocytes T normaux. Cependant, il ne s’agit que d’un leurre : en regardant de plus près, ils ont remarqué que les paramètres clés qui déterminent l’efficacité de ces cellules demeuraient dysfonctionnels. Au niveau moléculaire, l’expression de certains gènes était altérée, comme si l’épuisement des lymphocytes lors de l’infection avait laissé une "cicatrice".
Pour une intervention thérapeutique précoce
"Plus la stimulation des lymphocytes T par les protéines virales a été longue, plus profonde est cette cicatrice. Nos travaux suggèrent donc qu’une intervention thérapeutique précoce pourrait permettre de mieux conserver la fonctionnalité des lymphocytes T et de lutter contre leur épuisement. Passé un certain délai, les anomalies génétiques s’installent dans la durée, et les lymphocytes T ne sont plus en mesure de récupérer et d’assurer correctement leurs fonctions", explique Pierre Tonnerre.