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Covid-19

Vaccination des 12 – 15 ans : le bénéfice/risque en question

Par Jean-Guillaume Bayard

Une étude souligne que les vaccins exposeraient les garçons de 12 à 15 ans à plus d’effets secondaires que le virus. Des résultats à relativiser puisqu’ils portent sur une période d’observation pré-variant Delta.

anyaivanova/iStock
Le taux de myocardite après deux injections du vaccin Pfizer/BioNTech s’élève à 162,2 cas par million pour les garçons en bonne santé âgés de 12 à 15 ans.
Le risque qu’un adolescent en bonne santé soit hospitalisé à cause de la Covid-19 est de 44 par million.
En France, où la vaccination des enfants dès 12 ans a débuté depuis le 15 juin, peu de cas de myocardites ont été recensés.

La question de la vaccination des enfants continue de faire débat. Les pays adoptent des positions qui varient, allant de l’extrême cubain qui a commencé à vacciner sa population dès l’âge de 2 ans à l’extrême britannique qui n’a pour l’instant pas autorisé les moins de 16 ans à recevoir de doses de vaccin. Une récente analyse de données médicales menée par des chercheurs américains de l’université de Californie, et prépubliée le 8 septembre dernier dans la revue medRxiv, affirme que les garçons de 12 à 15 ans sont plus exposés aux effets secondaires du vaccin Pfizer qu’à ceux de la Covid. Des résultats à relativiser car la période observée date d’avant le variant Delta qui a changé la donne épidémique en raison de sa très forte contagiosité.

Des risques plus élevés chez les garçons

Selon les examens des données existantes, le vaccin Pfizer entraîne quatre à six fois plus de risques pour les garçons âgés de 12 à 15 ans de se voir diagnostiquer une myocardite qu’une infection de Covid-19. Cet effet secondaire, qui reste rare, s’est produit à la suite de symptômes ressentis dans les jours qui ont suivi la deuxième injection. Selon les auteurs, environ 86% des garçons touchés ont dû être hospitalisés.

Les chercheurs ont analysé les réactions indésirables aux vaccins anti-Covid chez des enfants américains âgés de 12 à 17 ans au cours du premier semestre 2021. Le taux de myocardite après deux injections du vaccin Pfizer/BioNTech s’élève à 162,2 cas par million pour les garçons en bonne santé âgés de 12 à 15 ans et à 94 cas par million pour les garçons en bonne santé âgés de 16 à 17 ans. Pour les filles, ces taux s’élèvent respectivement à 13,4 et 13 cas par million. Selon les données américaines actuelles, le risque qu’un adolescent en bonne santé soit hospitalisé à cause de la Covid-19 est de 44 par million.

En France, peu de cas de myocardites

En France, où la vaccination des enfants dès 12 ans a débuté depuis le 15 juin, peu de cas de myocardites ont été recensés dans cette catégorie de la population. Le taux de myocardite en France après la vaccination Covid n’était que de 3-4 cas par million de doses de vaccin Pfizer/BioNTech. Là aussi, les cas de myocardite sont apparus après la deuxième injection. Pour l’instant, 68% des 12-17 ans ont reçu une dose de vaccin et 56% ont complété leur schéma vaccinal. 

Repenser la stratégie vaccinale des enfants ?

Ces résultats sont à relativiser car au moment où les données ont été collectées, le variant Delta n’était pas majoritaire. Sa grande contagiosité, et donc le risque accru d’hospitalisation qui s’en suit, laisse penser que la balance bénéfice/risque observée chez les enfants pourrait s’inverser.

Quoi qu’il en soit, cette étude est suffisamment importante pour réfléchir à la stratégie vaccinale des enfants. “Bien que la myocardite après une vaccination soit exceptionnellement rare, nous pourrons peut-être modifier la première ou la deuxième dose ou combiner les vaccins différemment pour éviter tout risque, une fois que nous comprendrons mieux la physiologie, estime Saul Faust, professeur d’immunologie pédiatrique et de maladies infectieuses à l’université de Southampton. Tout compte fait, il n’y a pas d’urgence à vacciner les enfants d’un point de vue médical, bien que si les écoles ne sont pas en mesure de maintenir l’enseignement pour la grande majorité à tout moment, l’équilibre global pourrait changer. Si mes deux enfants adolescents se voient proposer le vaccin, mon épouse médecin généraliste et moi-même n’hésiterons pas à les autoriser à le recevoir.”