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Longévité

Pour vivre vieux, vivez au vert !

Par Jean-Guillaume Bayard

Vivre dans un environnement entouré de verdure ralentirait le vieillissement biologique.

monkeybusinessimages/iStock
Un degré élevé de densité de végétation locale (jardins, parcs, buissons…) peut réduire le stress mental, offrir un espace d'interaction sociale, encourager l'activité physique et réduire les dommages causés par la pollution atmosphérique et la chaleur.
Augmenter la végétation autour de son logement permet de freiner le vieillissement biologique.
La verdure inverserait les changement de méthylation de l'ADN, améliorerait la fonction immunitaire, la santé renale et métabolique, et réduirait les tissus adipeux.

Pour allonger la durée de vie, l’environnement serait un facteur clé. C’est ce que suggèrent des chercheurs australiens de l’université Monash. Dans une étude publiée le 30 août dernier dans la revue Environmental Health Perspectives, ils montrent un lien entre la présence de verdure dans l’environnement immédiat d’une personne et un vieillissement biologique plus lent, notamment basé sur des changements dans la méthylation de l'ADN.

La méthylation dans l’ADN observée comme marqueur du vieillissement

Avant de se lancer dans leur recherche, les scientifiques ont épluché la littérature scientifique existante pour tenter de trouver des indications sur cette possible association. “Nous n’avons trouvé qu'un seul résumé, présenté lors d'une conférence mais jamais rédigé et publié dans une revue à comité de lecture, qui abordait ce sujet, affirme Rongbin Xu, auteur principal de l’étude. Il s'est concentré sur les nourrissons et a comparé leur âge gestationnel biologique avec la verdure entourant la mère pendant la grossesse. Il s'agissait donc d'une application assez différente de notre étude actuelle.”

Les chercheurs se sont intéressés aux marqueurs les plus robustes du vieillissement biologique pour voir si l’environnement joue effectivement un rôle dans la longévité. Ils ont regardé du côté des changements de méthylation dans l’ADN qui sont directement liés au vieillissement car ce dernier entraîne le recouvrement de certaines sections de l’ADN par des molécules de méthyle. Cela a pour effet de restreindre la fonctionnalité des gènes affectés. À l'inverse, le vieillissement peut également réduire la méthylation dans d'autres domaines, entraînant une surexpression des gènes, qui peut être tout aussi nocive.

L’environnement, un facteur qui influence les autres

Bien que certains changements de méthylation soient inévitables, plusieurs interventions peuvent l’influencer, comme agir sur l’alimentation, faire de l’exercice physique et, donc, l’environnement. “Nous avons supposé que la quantité de verdure dans l'environnement immédiat d'une personne peut jouer un rôle dans la réduction du vieillissement biologique accéléré, avance Rongbin Xu. Un degré élevé de densité de végétation locale (jardins, parcs, buissons…) peut réduire le stress mental, offrir un espace d'interaction sociale, encourager l'activité physique et réduire les dommages causés par la pollution atmosphérique et la chaleur. Étant donné que ce sont tous des déterminants d'une bonne santé, cela a rendu sens qu'il peut y avoir un lien.” 

Calculer l’âge biologique

Les chercheurs ont utilisé les données existantes de l'étude Australian Mammographic Density Twins and Sisters, qui a exploré les liens entre les facteurs environnementaux, génétiques et liés au mode de vie et la densité du tissu mammaire, un facteur de risque connu du cancer du sein. Les participantes, 479 femmes de 130 familles différentes, sont toutes des sœurs, parfois jumelles, afin de mieux comparer les effets de l’environnement. Des échantillons de sang ont été collectés et ont constitué la source de l'analyse de la méthylation de l'ADN.

Les données ont permis aux chercheurs de mesurer l’âge biologique des participantes.  Cette mesure est faite grâce à quatre algorithmes couramment utilisés que sont l'âge de Horvath, l'âge de Hannum, PhenoAge et GrimAge. Ils permettent de prédire la santé future, comme le temps jusqu'à la mort et de nombreuses maladies du vieillissement, tels que le cancer et les maladies cardiaques.

Dans un deuxième temps, les auteurs de l’étude ont cartographié les niveaux de végétation à proximité des domiciles des participantes. L'équipe a utilisé des lectures de lumière infrarouge et visible d'un satellite de la NASA pour estimer la masse de végétation locale jusqu’à 2 kilomètres autour de leur lieu de vie au cours des 12 mois précédant la prise de sang de chaque participante.

Trois phénomènes en cause

Résultat, les chercheurs ont bien observé une corrélation entre la végétation et l’allongement de vie. “Nous avons découvert que l'augmentation de la verdure environnante était associée à un vieillissement biologique plus lent, explique Rongbin Xu. Notre étude montre qu'une augmentation de 0,1 unité de l'indice de végétation par différence normalisée à moins de 500 mètres de la maison est associée à une réduction de 0,31 an du vieillissement biologique. Des études de cohorte précédentes nous disent que cela équivaut à une réduction de 3% de la mortalité toutes causes confondues. L'association est restée stable lors de la mesure de la verdure à 300 mètres, un kilomètre et deux kilomètres de la maison.”

Cette association serait dû à trois phénomènes selon les chercheurs. La verdure serait associée à une inversion des changements de méthylation de l'ADN résultant de l'exposition à la fumée de cigarette. La verdure pourrait être associée à une amélioration de la fonction immunitaire et de la santé métabolique. Enfin, la verdure réduirait les tissus adipeux, observés notamment dans l’obésité, et améliorerait la santé rénale.