"Il faut qu’on se réveille, car la NASH est une maladie aux complications importantes, qui touchent les adultes et les enfants". Au Paris Nash Meeting 2021, l’hépatologue Rodolphe Anty a tiré la sonnette d’alarme. "Les médecins sont souvent fatalistes, mais les approches personnalisées fonctionnent sur les malades", ajoute-t-il.
Un cercle vicieux
Depuis une dizaine d'années, les études scientifiques montrent que l'apparition d'une stéatose non alcoolique pourrait se jouer dès la conception et la croissance du fœtus dans le ventre de sa mère. Une synthèse récente des études publiées sur ce sujet suggère que la présence d'un excès de poids maternel avant la grossesse (surpoids ou obésité) est clairement associée à l'augmentation du risque d'apparition d'une stéatose non alcoolique au cours de l'enfance ou de l'adolescence de la progéniture.
L'augmentation de la stéatose non alcoolique à travers le monde serait donc favorisée par un cercle vicieux, amenant les mères ayant un excès de poids avant la grossesse à avoir des enfants avec eux-mêmes un excès de poids et une stéatose non alcoolique.
"Des points encourageants"
Pour le Professeur Rodolphe Anty, "il est à craindre qu'une transmission de l'excès de poids et de ses complications hépatiques pourrait s'aggraver de génération en génération". L’hépatologue, qui travaille sur la NASH depuis une vingtaine d’années et a vu cette maladie prendre de l’ampleur en France, reste cependant positif. "Il existe des points encourageants. Ainsi, l'allaitement maternel, déjà connu comme ayant des effets protecteurs multiples sur le nourrisson, protégerait de la stéatose les enfants nés de mères ayant un excès de poids avant la grossesse", explique le spécialiste. "Outre l'allaitement, la promotion d'un mode de vie sain est cruciale, et ce pour toute la famille. Cela peut passer par la promotion d'une alimentation méditerranéenne, riches en fruits et légumes de saison, pauvre en viande rouge et en aliments ultra-transformés. Il est aussi important d'encourager une augmentation de l'activité physique régulière dès le plus jeune âge, et de lutter contre la sédentarité", conclut-il.
A la différence de la stéatose non alcoolique, qui se caractérise par une simple surcharge de graisse dans le foie, la NASH associe à cette accumulation une inflammation et des lésions sur le foie chez des patients qui consomment peu ou pas de boissons alcoolisées. Contrairement à la cirrhose qui n'est pas réversible, la NASH est une atteinte hépatique réversible. Cependant, elle est susceptible d'évoluer vers une cirrhose et/ou un cancer du foie.