- Que l'arthroplastie totale du genou soit réalisée sous anesthésie générale, sous rachianesthésie ou sous anesthésie combinée, les émissions de CO2 issues de l'opération sont énormes : entre 15 et 18,5 kg de CO2.
- Il est pourtant possible de rendre plus écologiques les chirurgies pour poser une prothèse de genou, par exemple en diminuant le débit d'oxygène, en utilisant des énergies renouvelables et en diminuant l'utilisation des instruments à usage unique.
L’arthroplastie du genou est aujourd’hui l’une des interventions chirurgicales les plus communément pratiquées. Elle consiste à remplacer une partie ou la totalité de l’articulation douloureuse et/ou non fonctionnelle par une prothèse. Chaque année, rien qu’en France, 40 000 prothèses du genou sont posées.
Mais si cette opération est souvent un soulagement pour les patients, elle n’est pas forcément bonne pour la Planète… C’est en tout cas la conclusion à laquelle sont parvenus des chercheurs du Centre Western Health, à Melbourne (Australie). Dans une étude publiée dans Anesthesiology, le journal officiel de l'American Society of Anesthesiologists, ils pointent l’empreinte carbone déplorable de la seule anesthésie pour une arthroplastie totale du genou, équivalente à celle d’une voiture roulant sur 67 km.
Instruments en plastique, électricité, médicaments…
Pour estimer les émissions de CO2 résultant d’une opération de remplacement du genou, les chercheurs ont effectué une évaluation du cycle de vie de la prothèse. Celui-ci comprend non seulement les gaz à effet de serre directement produits par l'électricité et le gaz, mais aussi les émissions indirectes associées à la consommation de biens et de services comme l’utilisation d'électricité, d'articles ou d'équipements jetables et de produits pharmaceutiques comme les médicaments.
Leur étude a porté sur 29 patients ayant subi une opération de remplacement du genou sous anesthésie générale, rachidienne ou combinée, et dont les émissions totales de CO2 ont été mesurées. Dans l’ensemble, les émissions moyennes estimées de CO2 étaient similaires pour les trois types d’anesthésie : 14,9 kg de CO2 pour l'anesthésie générale, 16,9 kg pour la rachianesthésie et 18,5 kg pour l'anesthésie combinée.
Plus en détail, les instruments à usage unique, et principalement en plastique, représentent 20 à 25 % des émissions totales. L'électricité pour le réchauffeur d'air du patient représente environ 15% des émissions et les produits pharmaceutiques autres que les anesthésiques 8 % des émissions.
Suivant le type d’anesthésie pratiqué, le reste des émissions varie. Par exemple, en cas d’anesthésie générale, le gaz utilisé (le sévoflurane) représente 32 % des émissions de gaz à effet de serre. Le lavage et la stérilisation des articles réutilisables ont contribué à 25 % des émissions en cas de rachianesthésie et à 20 % en cas d'anesthésie combinée. L'oxygène représentait 15 % de l'empreinte carbone de la rachianesthésie.
Sur la base du rendement énergétique d'une voiture américaine moyenne, les chercheurs estiment que les émissions de carbone liées à l'anesthésie pour une arthroplastie du genou équivalent à 42 miles (soit environ 76 km) de conduite.
Pour des anesthésies plus vertueuses
Il est pourtant possible de pratiquer l'anesthésie en toute sécurité tout en réduisant leur empreinte carbone, assurent les auteurs, qui donnent des pistes comme diminuer le débit d'oxygène pour la rachianesthésie, réduire l'utilisation d'anesthésiques par inhalation, minimiser l'utilisation de plastique et de verre, et plaider pour la production d'énergie renouvelable. "En combinant ces activités de préservation du carbone, vous avez réduit de moitié les kilomètres parcourus pour une anesthésie de trois heures (généralement nécessaire pour une opération de remplacement du genou)", écrivent-ils.
"Nous encourageons les gens à prendre conscience de leur empreinte carbone, en insistant sur le fait que le meilleur moyen d'obtenir une anesthésie à faible émission de carbone est d'apporter des changements multiples et apparemment mineurs à nos habitudes de travail", concluent les chercheurs.