L’autisme concerne 700 000 personnes en France, dont 100 000 jeunes de moins de 20 ans, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Une grande partie de la population est donc touchée par ce trouble du neurodéveloppement. Selon une étude publiée dans la revue Autism Research, des chercheurs australiens ont utilisé des scanners faciaux 3D pour mieux comprendre les causes génétiques de l’autisme.
5 000 points analysés sur les visages avec les scanners faciaux
Lors de leurs travaux, les scientifiques ont cherché à analyser 5 000 points sur les visages de parents d’enfants atteints d’autisme - 192 très exactement - pour les comparer à 163 autres adultes sans antécédents connus d'autisme. Le but était de mesurer si les premiers avaient une asymétrie faciale car l’hypothèse des chercheurs était que cette caractéristique pourrait être la marque d’un facteur génétique à l’autisme. Ainsi, en dépistant cela chez des parents, ce trouble serait pris en charge plus tôt.
Des visages plus asymétriques chez les parents d’enfants autistes
Selon leurs résultats, les parents d'enfants autistes avaient des visages plus asymétriques que les autres adultes du même âge. "Ces résultats suggèrent qu'il pourrait y avoir un lien entre les gènes qui affectent la probabilité qu'un individu ait une plus grande asymétrie faciale et l'autisme, explique Syed Zulqarnian Gilani, l’un des auteurs de l’étude. En utilisant ces scanners 3D de visages combinées à des techniques d'intelligence artificielle, nous pouvons distinguer des milliers de différences subtiles dans les visages pour déterminer un score global d'asymétrie faciale. Lorsque nous avons comparé ces scores, nous avons vu que les visages des parents d'enfants autistes étaient plus susceptibles d'avoir une plus grande asymétrie par rapport aux autres adultes." Des différences à peine perceptibles à l'œil nu, mais facilement identifiées par ces technologies de pointe.
L’autisme peut aussi se manifester physiquement
L’autisme a été décrit par Léo Kanner en 1943 comme la prédominance d’une non-communication avec le monde extérieur chez de jeunes enfants, qui se traduit par un évitement du regard. Aujourd'hui, l’autisme est intégré dans un ensemble plus vaste, appelé troubles du spectre de l'autisme (TSA). Parmi les autres traits, il y a l’altération des interactions sociales, des problèmes de communication (non verbale et du langage), des troubles du comportement (des intérêts et des activités restreints, stéréotypés et répétitifs) ainsi que des réactions sensorielles inhabituelles. Les enfants qui en sont atteints éprouvent généralement des difficultés d’apprentissage et d'insertion sociale. "L'autisme n'est pas traditionnellement connu pour être une maladie avec des caractéristiques faciales distinctives, mais nos recherches ont remis en question cette notion, souligne Diana Tan, l’une des autrices de l’étude. Notre étude prouve que les facteurs génétiques qui conduisent au développement de l'autisme s’expriment aussi dans les caractéristiques physiques, ce qui nous permet de comprendre l'interaction entre les gènes, le développement physique et cérébral chez l'humain."
Un diagnostic plus précoce pour une meilleure prise en charge
Actuellement, il existe différentes méthodes - reconnues ou non par la Haute autorité de santé (HAS) - pour traiter l’autisme. Mais tout l’enjeu reste le diagnostic : plus il est établi précocement, plus la prise en charge pourra démarrer tôt, mieux ce sera pour l’enfant. En ce qui concerne les causes de ce trouble, la majorité du corps médical estime que les facteurs génétiques jouent un rôle majeur dans l’autisme. "Nous avons précédemment examiné un autre marqueur facial - la masculinité faciale - qui était associé à l'autisme, poursuit Diana Tan. La prochaine étape de ce projet serait d'évaluer l'utilité de combiner l'asymétrie faciale et la masculinité pour déterminer la probabilité d'un diagnostic d'autisme”.